Le Piano Day s’invite aux Musicophages

Pour fêter la journée internationale du piano le lundi 29 mars, Les Musicophages vont transmettre en direct sur Facebook le concert donné par les talentueux compositeurs Iscle Datzira et Lorenzo Naccarato, diffusé gratuitement à partir de 19h30.

Pour l’amour du piano

Cette année, Les Musicophages célèbrent le Piano Day. Créé par le musicien, compositeur et producteur berlinois Nils Frahm en 2015, cet événement dédié aux amoureux du clavier se déroule le 29 mars, quatre-vingt-huitième jour de l’année, en référence au nombre de touches de l’instrument. L’envie de l’artiste allemand de consacrer une journée spéciale à son instrument de prédilection naît du désir de mettre en lumière tous ceux qui honorent le piano, qu’ils soient dilettantes ou professionnels : interprètes, compositeurs, fabricants, accordeurs ou auditeurs.

En 2014, il demande au fabricant David Klavins de concevoir pour lui « Una Corda », piano de moins de cent kilos doté de marteaux ne frappant qu’une corde au lieu de trois habituellement pour chaque note. Il n’est donc pas étonnant que le compositeur adepte d’expérimentations offre de la visibilité à la diversité des projets qui font résonner les mélodies du clavier dans le monde entier. Chaque année depuis la création du Piano Day, Nils Frahm concocte une playlist avec les titres de différents artistes, diffusée le jour même sur les plateformes de streaming musicales, avec des extraits inédits à la clef. En 2020, la sélection comprenait les morceaux de grands compositeurs tels que Max Richter, Ryūichi Sakamoto ou encore Ólafur Arnalds. Que nous réserve-t-il pour 2021 ?

En attendant son florilège de cette année, nous vous présentons d’ores et déjà les prestigieux artistes Lorenzo Naccarato et Iscle Datzira, qui ont tous deux suivi un acompagnement chez Les Musicophages et mènent désormais une carrière internationale. Ils se produiront dans nos locaux au 6, rue de la Bourse à Toulouse. Si le contexte actuel ne nous permet pas d’accueillir de public, qu’à cela ne tienne, le concert sera filmé et diffusé en direct sur Facebook, de 19h30 à 21h. L’événement est gratuit et vous pourrez y assister confortablement depuis votre canapé.

Le piano « préparé » de Lorenzo Naccarato

Le pianiste Lorenzo Naccarato s’empare du jazz actuel et des musiques répétitives pour créer des passerelles entre impressionnisme et minimalisme. Diplômé de musicologie en jazz et musiques improvisées, il poursuit sa formation auprès de jazzmen qui inspirent son jeu : Enrico Pieranunzi, Claude Tchamitchian ou encore Andy Emler. À Toulouse, il collabore avec la Cinémathèque où il participe à des ciné-concerts et réalise des « concert-dessinés » pour le festival littéraire Le Marathon des mots, où il rend hommage à Nina Simone ou Thelenious Monk.

Lorenzo Naccarato

Riche d’une expérience en solo et en trio, il fonde le Lorenzo Naccarato Trio en 2012 avec le contrebassiste Adrien Roguez et le batteur Benjamin Naud qu’il rencontre pendant ses études. Ensemble, ils façonnent des compositions influencées par le jazz de Robert Glasper et Christian Scott, la musique répétitive de Philip Glass ou encore le registre impressionniste de Debussy. Ils sortent leur premier album Lorenzo Naccarato Trio sur le label Laborie Jazz (Sébastien Farge, Diederik Wissels) en 2016. La réception du public est enthousiaste et donne lieu à une tournée internationale en Inde, Chine et Équateur. Leur deuxième album, Nova Rupta, voit le jour en novembre 2018.

Pour cette première édition du Piano Day organisée par Les Musicophages, Lorenzo Naccarato, explorateur de sonorités inédites, donnera une performance en solo avec son piano « préparé ». Ce concept popularisé par John Cage en 1937 consiste à modifier le son de l’instrument en installant dans les cordes du piano une variété infinie d’objets tels que des boulons, des vis, du tissu… C’est ce que l’on appelle la « préparation ». Cette technique chère à la musique contemporaine et improvisée éclaire la dimension artisanale du piano, instrument que l’on peut s’approprier d’une diversité de manières.

Piano préparé de Lorenzo Naccarato avec des bandes aimantées, des pinces à linge et un filtre à café

Vibrations improvisées avec Iscle Datzira

Natif de Barcelone, ce virtuose de la musique s’initie aux instruments à vent, saxophone, clarinette et piano alors qu’il n’a que sept ans. Adolescent, il commence à composer ses propres morceaux, nourri d’une vaste palette sonore qui s’étend du jazz aux musiques expérimentales. Après des études à l’institut artistique barcelonais Oriol Marterel où il est diplômé de saxophone et musique classique, il poursuit son cursus à l’école Music’ Halle de Toulouse et au Conservatoire d’Amsterdam. Quelques mois plus tard, il met fin à son parcours à l’université pour se consacrer à une recherche musicale plus personnelle autour des vibrations.

Iscle Datzira

En 2016, il représente l’Espagne lors du concours international de composition « Maurice Ravel » où il est finaliste. Membre de nombreux big bands lors de festivals comme Jazz In Marciac, il collabore avec des artistes de renom, à l’instar des Américains Jesse Davis et James Carter, qu’il accompagne sur scène ou en studio. À peine âgé de vingt-cinq ans, le saxophoniste multiplie les projets et a une discographie très fournie, signant sa participation sur quatorze opus. Pour son premier album solo Lyricism on 432Hz-Tuned Tenor Saxophone sorti chez Temps Records en 2018, il se prête à un exercice particulier en créant un son singulier en 432 Hertz qui rappelle l’accordage vintage de la première moitié du vingtième siècle. En 2020, il édite Turu, deuxième album solo où neuf morceaux se succèdent en douze minutes qui transportent l’auditeur au bord de la mer.

Pour le Piano Day des Musicophages, Iscle Datzira livrera une improvisation inédite, armé de son piano, saxophone et looper – machine qui permet de reproduire, arrêter ou démarrer une boucle. Cela offre au musicien la liberté de jouer et superposer d’autres notes aux sons enregistrés avec le looper.

Pour ne rien manquer du piano préparé de Lorenzo Naccarato et des improvisations entêtantes d’Iscle Datzira, rendez-vous le 29 mars à 19h30 sur le Facebook des Musicophages.

Site officiel du Piano Day

Site Officiel de Lorenzo Naccarato

Facebook d’Iscle Datzira

Tomberlin – Pépite folk venue de l’Ouest

Son nom ne vous dit peut-être pas grand chose ici, nous même nous ne l’avons découverte qu’en mai dernier, lors de la dernière édition du festival This Is Not a Love Song, mais cette jeune américaine n’en demeure pas moins pleine de promesses…

De son nom complet Sara Beth Tomberlin, la jeune musicienne a débarqué il y a à peine plus d’un an avec son premier album intitulé At Weddings. Un opus tout en douceur qui nous ouvre pourtant la porte vers un monde  que la chanteuse a construit avec une voix puissante comme base.

A Nîmes, alors que nous faisions, pour la première fois, connaissance avec sa musique, la chanteuse avait réussi à remplir la salle du Club avec, pour seuls supports, sa guitare et un musicien qui l’accompagnait (tantôt au clavier, tantôt à la guitare). Il faut  bien l’avouer, cela n’était pas donné à tout le monde ! En effet, étant donné que le festival avait fait le choix de programmer plusieurs groupes/artistes sur les mêmes créneaux horaires, le flux des entrées et sorties était continu, le public allant et venant dans les différents lieux de concerts sans grande discrétion.

Cela n’a, pour autant, pas empêché Tomberlin de créer une vraie ambiance apaisante afin de nous faire vivre un instant hors du temps…

Si la voix prédomine dans la musique de cette artiste, ce n’est pas pour rien. Élevée dans un milieu très religieux, elle a commencé par chanter à l’église avant de s’en éloigner afin de faire vivre ses propres compositions. Reste que l’Américaine chante aujourd’hui avec beaucoup de justesse et une précision rare, ce qui donne une voix nous rappelant naturellement les chants religieux.

Outre la voix, Sara Beth s’accompagne, dans la plupart de ses morceaux, essentiellement de sa seule guitare sur laquelle elle joue des motifs plutôt simples mais efficaces, chers à la musique folk. C’est ce qui est le plus appréciable dans sa musique : tout y est en finesse, il n’y a rien en trop. Ajoutez à cela un équilibre parfait entre puissance, justesse et sincérité et vous obtiendrez une recette dont il ne faut pas passer à côté !

Tomberlin a grandi et élaboré son album dans un certain isolement et cela se ressent quelque peu dans sa musique, à travers ses morceaux intimistes, comme suspendus. L’univers de la jeune artiste semble également difficile à saisir dans son entièreté mais nul doute qu’elle en a encore sous le pied et qu’elle continuera de nous en dévoiler ses différentes facettes via ses prochaines créations…

Plus de renseignements sur l’artiste ici ou !

Rites et Sacrifices III à La Sainte Dynamo

Pour cette troisième édition, Rites et Sacrifices a invité Lisieux, La Mandorle, Machine est mon cœur et Orbel à La Sainte Dynamo lors d’un concert dédié aux croisements entre passé et présent dans les musiques sombres.

Lisieux

En réunissant des groupes éthérés inspirés par l’underground gothique des années 80, l’association toulousaine proposait de « faire le pont entre musiques anciennes et sonorités actuelles », mais la porosité entre les deux est-elle réelle ? Le samedi 1er juin, j’ai pu assister au concert à La Sainte Dynamo, afin de voir ce qu’il en était.

La Mandorle

Chaque formation se nourrit du passé et le distille par touches dans ses compositions. La chorale médiévale La Mandorle sort de l’ombre des chants ecclésiastiques tels que les kyries grégoriens en les reprenant a capella. Le trio toulousain Lisieux est lui aussi plongé dans un imaginaire liturgique au travers de paroles abordant l’oppression religieuse, le déisme. Sa néofolk aux allures de messe noire puise ses racines chez Death In June et sera signée chez le label organisant leurs concerts français : Steelwork Maschine. La dark-wave de Machine est mon cœur emprunte aux débuts de la musique électronique en réalisant des collages de bandes magnétiques, et a recours à des synthétiseurs analogiques dont la densité brumeuse confère à l’ambient. Si les influences de nos musiciens sont légion, édifient-elles pour autant une passerelle vers l’époque actuelle ?

Machine est mon cœur

Passionné de science-fiction, Machine est mon cœur dépeint dans « I Had a Dream » un monde désertique où l’homme serait débarrassé des affres de l’hyperconsommation. Le duo a conçu Dystopium – album né d’une fusion entre dystopie et opium – pour des rêveurs pressés de s’échapper de la réalité. Les voix shoegaze des chanteuses d’Orbel se fondent dans des arrangements post-rock, cinématographiques et inquiétants, répondant au nom de « doom pop ». Enfin, l’originalité de La Mandorle est d’ouvrir le monde actuel sur des musiques réduites à l’oubli, en leur redonnant vie dans un bar contrastant avec leur religiosité originelle, et entraîne le public dans une communion dépaysante.

Beyond There, premier EP d’Orbel

L’impression qui résulte de cette nuit est que la jonction des sonorités a bien fonctionné, grâce au pouvoir introspectif de cette musique mélancolique. Loin de se circonscrire dans une période datée, elle relève de l’intemporel. Est-ce la naissance d’un nouveau genre ?

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Les frères de la Cumbia frappent à nouveau : Los Guayabo Brothers

Si les buveries sur le quai de la Daurade énervent les voisins et les politiciens toulousains, elles peuvent créer aussi des interactions pour le moins très inspirantes. Los Guayabo Brothers en sont un bel exemple. En 2013, ils se rencontrent par hasard lors d’un apéro arrosé au bord de la Garonne, ils se rendent compte qu’ils sont tous musiciens et colombiens. L’un des groupes de cumbia les plus actifs de la scène toulousaine naît !

Après leur dernier concert détonant au Taquin, j’ai eu l’opportunité de creuser un peu plus le phénomène « guayabo ».  Petit entretien autour d’un chupito de rón  avec Arnulfo (flûtes, chant, percussions) et Juan Pablo (guitares), qui sont dans le groupe depuis les origines.

Arnulfo : Guayabo signifie « gueule de bois » en argot colombien. Alors Guayabo Brothers, ça évoque quelque chose de festif car c’est ce que nous voulons revendiquer, la fiesta !… De plus au début, on répétait tous les samedis, et comme les vendredis on partait faire la fête…bah, on arrivait toujours avec une gueule de bois énorme ! Voilà comment est né le nom.

Détrompez-vous, car même si l’ambiance est légère, le groupe ne laisse rien au hasard et maîtrise très bien la technique musicale de plusieurs instruments traditionnels. Contrairement à beaucoup de groupes actuels de la région, ils ne se limitent pas à faire des reprises, ils composent la plupart de leurs morceaux, toujours avec un savant mélange de trompettes, percussions afro-colombiennes, gaitas, et guitares psychédéliques !

Juan Pablo : Nous sommes actuellement en train de composer des nouvelles chansons pour un prochain album qui sortira enfin d’année, et vous pouvez en entendre deux en live ! « La Cumbia Libertaria » et « El Francés ».

Arnulfo : Nous nous tournons aussi vers des paroles plus engagées car les réalités sociales de notre pays et d’ici nous touchent, et ça doit forcément se voir sur notre musique… mais sans oublier notre côté festif bien sûr !

Le groupe a sorti son 1re album fin 2017, avec le titre obscur de Pachanga Mohanica, alors quand j’interroge le groupe sur les origines de ce nom, voici ce qu’ils répondent :

Juan Pablo : La « Pachanga » est à la fois un genre musical, une fanfare et les danseurs qui l’accompagnent. Le « Mohán » est un personnage lié à la rivière. L’album raconte les histoires revisitées de ce personnage à travers la fête, la « pachanga », qu’on amène au public. Notre musique étant une version revue du folklore colombien, avec des touches de rock, funk et salsa, les histoires que nous racontons sont le reflet de cette modernisation.

Vous pouvez écouter ce 1re album sur le site internet du groupe. Vous aurez le plaisir de découvrir une formation aux multiples influences, où l’ivresse de la fête se mêle à la poésie du quotidien et des histoires des hommes et des femmes latino-américains.

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crédit photo: Paul Gouezigoux

Roche avoisine les plus grands

Aaron Roche,  musicien basé à Brooklyn n’est pas un artiste torturé mais contrasté. Il concocte du folk lo-fi en lui agrémentant des sonorités d’avant-garde, composition contemporaine mais inspirée par une tradition folk-américaine, Aaron Roche est un multi-instrumentiste qui travaille aussi et surtout comme ingénieur du son.

Sa tournée qu’il effectue actuellement en Europe permet de (re)découvrir sa discographie et son dernier LP Haha Huhu datant de l’année dernière. Seulement trois dates en France pour applaudir le troubadour new-yorkais en concert acoustique, les plus chanceux ne le manqueront pas le 10 Avril à Caen,  le 11 à Paris et le 12 à Lille.

Pour cet évènement, un nouveau clip a été réalisé par Anna RG pour l’excellent Supreme Monument avec comme guest au chant traditionnel indien : Mirande Rajeev.

Aaron Roche a un CV de poids puisqu’il accompagne en tournée depuis longtemps les plus grands folkeux de ces dernières années comme Lower Dens et Sufjan Stevens. Ce qui lui a permis de se construire une grande maturité et de se forger ainsi son propre style.  La preuve à l’écoute de ses chansons folk uniques en son genre et à l’émotion maîtrisée.

Aaron Roche

François LLORENS

C’est demain : La Jazz-Week #2 au TAQUIN

A une époque pas si lointaine, les caves de Toulouse bruissaient des accents du jazz, et les grands noms y tenaient régulièrement le haut de l’affiche.  Dans le circuit, il y avait le Mandala, aux Amidonniers, club mythique fermé il y a quelques années.  Depuis l’automne 2016, une équipe motivée – Dame : ils sont tous musiciens ! – a rénové les murs de fond en comble et soigné le confort musical pour tous : installation son de haute qualité, agencement des salles revu, bars et restauration pro et plus que sympa,  le nouveau club Le Taquin joue clairement dans la cour des grands.

La qualité de la programmation a rapidement permis de re-situer Le Taquin dans le circuit Jazz national et dans l’agenda des lieux qui font bouger la ville rose.  Figure jazz locale incontournable, le batteur TonTon_Salut a su contribuer à l’esprit du lieu rénové ; ses jams légendaires ne sont plus à présenter.

Le trio qu’il forme avec Julien Duthu (basse) et Laurent Fickelson (piano) a pris l’initiative d’une JAZZ WEEK qui – dans la grande tradition des clubs – invite des pointures à revisiter avec eux quelques standards des années ’50 et ’60  tels Lee Morgan et Freddie Hubbard, Wayne Shorter, Joe Henderson ou Jackie McLean, Herbie Hancock, McCoy Tyner, entre autres…  Mais attention, à la fois dans l’esprit « jam » et vu la personnalité des invités, l’affaire peut très bien démarrer « old school » et rapidement frôler les sorties de route.  Surchauffe garantie en tout cas, avec Hugo Lippi, Alex Tassel, Guillaume Naturel, Stéphane Belmondo, Pierrick Pédron.  Vous avez bien lu : on parle bien de la fine fleur du jazz.  A Toulouse et dans un club. Ça fait du bien de voir que l’esprit Jazz n’a pas quitté la ville.  Et que la fidélité, le dynamisme et des murs chaleureux vont nous assurer une belle semaine !  On s’y retrouve ?

JAZZ WEEK #2  Du 17 au 21 janvier 2018 au TAQUIN

En partenariat avec Les Pianophiles

Tous renseignements sur la programmation et la réservation : le-taquin.fr

RENCONTRES/MASTER CLASSES avec
HUGO LIPPI — « la guitare dans le jazz » jeudi 18 janvier
& ALEXANDRE TASSEL — « le musicien pluriel » vendredi 19 janvier

Au Taquin de 17h15 à 19h15 – entrée libre places limitées envoyer un mail avec votre nom, prénom, instrument et N° de tel à rencontres.jazzweek@gmail.com

WALTER SEXTANT, la part qui échappe…

WALTER SEXTANT photo par William Laudinat

Album SARAJEVO (2017)

Et si on virait de la table les vieux clichés qui traînent, genre jazz-pour-intellos, rock-progressif-qui-se-la-pète et pourquoi pas musiques actuelles, ce grand fourre-tout ?!
Posez-y donc cette galette, SARAJEVO, 2ème album du jeune groupe Toulousain emmené par Rémi Savignat, qui signe également les compositions.
Avis aux colleurs d’étiquettes : laissez tomber… Flairez plutôt. Lentement. Prenez ça pour l’exploration sensorielle qui définira le mieux l’idée de liberté que vous associez à la musique. Si on arrive là, le plus dur est fait, car pour la suite, avec l’alchimiste Walter Sextant aux manettes, il suffit de se laisser prendre l’imaginaire par les oreilles, et de glisser tout shuss dans l’univers puissamment narratif développé dans chaque titre et tout au long de l’album.
Sur la trame d’un power trio guitare-basse-batterie qui signe un héritage rock ’70 sublimé par sa fidèle Stratocaster, Rémi Savignat est allé métisser les couleurs et les textures d’une section cuivre à haut potentiel d’animation, aussi inventive qu’un feu follet pour tantôt fasciner, tantôt mettre le bazar, et bien sûr signer les évocations cinématographiques irrésistibles déroulées par exemple dans le morceau-titre Sarajevo. S’y ajoutent quelques nappes et effets-machines infusés du hip-hop parce que – bon sang – ces petits gars sont de leur époque !
Sur les propositions de Rémi, les musiciens ont harmonisé une créativité toute personnelle, fusionnée dans un bel esprit de band. C’est le même plaisir, exploratoire et décomplexé, qui ravit à l’écoute. C’est la part qui échappe au compositeur, qui échappe à l’auditeur écoutant, et – comme d’un rêve – dont on a tellement à apprendre.

On peut se faire une idée avec ce titre raconteur SARAJEVO, qui enchaîne puissances atmosphériques, fracas, et montées aux cieux ! Amen

Sur le site, plein de choses à lire, à écouter, ainsi que l’agenda des concerts. http://waltersextant.com/

Prochaines dates pour WALTER SEXTANT à Toulouse : ce vendredi 20 octobre à La Candela (St Cyprien) et le 25 novembre au Taquin (Les Amidonniers).

Live Report : This Is Not A Love Song! Festival, Jour 2

Cette histoire est une aventure en trois temps. Pour lire le compte rendu du premier jour, rendez vous ici

Jour 2 : Quand on se rend compte qu’on aime pas la musique

Retour sur le lieu de cette cinquième édition du This Is Not A Love Song. En prenant en compte de notre expérience de la veille, nous arrivons plus tôt afin de profiter un peu du village du festival. Bon, notre « plus tôt » s’apparente en fait à 20h15 et nous avons déjà loupé une bonne dizaine de concerts. Je reconnais The Killing Moon de Echo & The Bunnymen qui joue au loin sur la scène Flamingo. A peine arrivé et ma liste de concerts à voir est déjà diminuée. Je décide de faire sauter la fin du set des anglais (qui se limite à deux morceaux) et me dirige vers la scène Mosquito afin d’assister au concert de Requin Chagrin. Je refuse un fajita guacamole que me tend un ami et je vais me placer directement face à la scène dans l’espoir de pouvoir enfin profiter d’un concert dans de bonnes conditions.

Le groupe monte sur scène nonchalamment et se présente brièvement. Si le chant est en français, l’instrumentation est clairement référencée « groupes indies américains ». Un Real Estate à la sauce Yéyé ? Efficace et rafraîchissant, les guitares du quatuor, légèrement coldwave/post-punk sonnent très pop acidulée et sous ces 38° degrés ressentis, ce n’est pas pour me déplaire. En milieu de set, le groupe lâche deux gros requins gonflables dans le public, ce qui aura pour résultat plusieurs slams sur dos de squales assez rigolos et des moments plus gênants où la chanteuse devra gérer des attaques volantes de poisson carnassier en provenance d’un public toujours éméché de la veille. Ne pouvant pas dire si le groupe est agacé par l’attitude du public ou juste naturellement mal à l’aise sur scène, je me lasse peu à peu, surtout que, ingénierie de festival oblige, la voix est inaudible dans le mix des instruments. Le concert me laisse tout de même un bon ressenti et après un jour et demi, je me sens enfin en situation de festival. Je profite de ma bonne humeur passagère pour aller tenter le coup du côté de Jake Bugg qui débute sur la scène Flamingo. Trois minutes vingt de chant braillard sur fond de folk rock FM me mettent la tête au carré et me forcent à me diriger vers la buvette la plus proche pour une nouvelle bière. Du fond de mon verre, je subis cette pop cheesy qui représentera, après coup, le pic de mauvais goût de cette édition du festival.

Grandaddy étant absent pour cause de mortalité (on leur pardonne), je reprends une vadrouille avant d’aller me poser devant Hidden Charms sur la scène Mosquito. Une foule de curieux profite de l’annulation de la tête d’affiche américaine pour venir découvrir le garage rock 70’s des Londoniens. Si leur style n’est pas ma tasse de thé, l’association de la nuit tombée, l’attitude débonnaire mais fédératrice du groupe et l’attroupement inattendu font de ce concert une bonne surprise. Le seul hic qui m’évite de prendre mon pied sur Hidden Charms, c’est que je n’aime pas leur musique (et à ce moment du festival, je me questionne si je ne détesterais pas simplement la musique). Avec une redite sans réelle originalité et une standardisation à outrance, je peine à trouver quelque chose qui maintienne mon attention ici. A croire que le fait d’être jeune anglais un peu fringué suffise pour monter sur scène. Je deviens un peu aigri et je sors définitivement du set.

Le concert se termine tout de même avec la sensation de ne pas avoir passé un trop mauvais moment. Petite pause avant le début de Primal Scream, ce qui suggère un retour à la buvette. Une fois rééquipé, je reviens à la scène Flamingo pour découvrir les Écossais déjà en action. Étant naturellement inculte, je n’ai jamais écouté Primal Scream, mais supposant que le festival a dû débourser un petit pécule pour avoir le groupe, je lui laisse sa chance. Je m’installe dans un angle, entre un arbre et une poubelle et j’écoute. Après trois morceaux de rock 90’s, légèrement glam et légèrement indus, une évidence apparaît : et si, à défaut de ne pas aimer toute la musique du monde, je n’aimais pas juste le rock ? Fort de cette découverte – et de l’ennui que me procure le groupe – je me déplace vers l’enceinte du Paloma afin de découvrir les autres scènes. J’apprendrai plus tard que je suis parti du mauvais côté et que je loupe Show Me The Body, l’un des moments forts de ce festival, dixit mes proches.

Bror Gunnar Jansson se produit dans la Grande Salle. Avec son look de hobo, ce one-man band criard, à l’esthétique garage-blues vintage, me conforte dans ma prise de conscience. Au garage et au rock, je peux maintenant ajouter le blues à la musique que je n’aime pas. Toujours plus désabusé, à la recherche de la perle rare détachée de toute nostalgie passéiste, je continue ma course dans le Patio. Johnny Mafia commence son set et je comprends bien que ce n’est pas là que je trouverais ma came. Je m’enfuie et fini ma descente inexorable dans l’enfer de l’ennui pour atterrir dans la Love Room. L’ambiance boîte de nuit de campagne perdure (voir jour 1) mais je suis tout de même heureux d’y retrouver mes amis, plutôt éméchés, ayant aussi désertés le concert de Primal Scream. Après plusieurs dizaines de minutes passées à se dandiner sur un djset dispensable, on décide d’un commun accord de se diriger vers la scène Flamingo pour aller assister à la grande claque (salvatrice) de cette soirée.

Placé en plein centre d’un public rassemblé en une masse informe, constituée à 80 % de sueur, j’attends l’arrivée de Thee Oh Sees. Double batterie installées côte à côte, gros cab de basse d’un côté et gros cab de guitare de l’autre, définissent la scénographie sommaire du groupe qui annonce un concert efficace et direct. Et c’est le cas. N’ayant jamais eu la patience ou l’envie de m’investir dans les 18 albums du groupe ne comptez pas sur moi pour avancer une set-list approximative. Mais mes amis fins connaisseurs avaient l’air ravis. Monolithique, le son du groupe s’impose et soulève le public, parti en pogo violent. Les morceaux s’enchaînent et se ressemblent (un peu), mais la tension ne redescend pas. Le groupe dégage une maîtrise et un plaisir d’être sur scène qu’il partage avec la foule en transe. Si bien que l’on assiste au premier grand moment de catharsis généralisée de cette édition du This Is Not A Love Song. Restant une personne aigrie, je commence à m’irriter au cinquième coup de coude que je reçois dans la figure et me retire en fond de public pour voir le reste du concert dantesque dans la paix.

Ce deuxième jour de festival se termine donc dans l’allégresse après plusieurs difficultés rencontrées. Mais plus encore que la qualité des concerts ou des genres représentés, c’est la réalité de la vie en festival qui me laisse perplexe. Ayant tout de même conscience que le TINALS est un excellent festival à la programmation pertinente et exigeante, je comprends bien que le souci vient sûrement de moi et que je n’ai pas encore eu le déclic qui m’aurait permis de m’investir dans cette cinquième édition. Est-ce que le troisième jour saura m’apporter une réponse positive ?

Vu : Echo & The Bunnymen, Requin Chagrin, Hidden Charms, Thee Oh Sees

Subit :Jake Bugg, Primal Scream

Loupé : The Grys Grys, Grandaddy, Show Me The Body, et les autres.

Claque : Thee Oh Sees

Live Report : This Is Not A Love Song! Festival, Jour 1

Jour 1 : Ou comment revoir ses attentes.

Se préparer pour un festival est toujours un moment d’excitation pour les amateurs de musique. Dès l’annonce des premiers noms de la programmation, on se plaît à organiser un petit planning au coin d’une serviette en papier, on se prend à rêver des découvertes qui pourraient nous séduire, on se questionne sur quel groupe aller voir en priorité quand deux horaires se superposent… Bref, on se construit des attentes.

Il faut dire que ces (hors-)temps de relâche, qui s’apparentent pour certains d’entre nous à des petites vacances, cristallisent beaucoup d’espérances. Soixante concerts en trois jours, répartis sur cinq scènes, en périphérie de la très architecturale cité de Nîmes, font du This Is Not A Love Song ! un lieu où ces espoirs vont justement exploser, et se confronter à la dure réalité de la vie en festival. Entre attentes et réalités, comment concilier nos envies avec les impondérables frustrants qui s’imposent à nous ?

Avant même d’arriver sur le très joli spot du Tinals, accolé au Paloma (la Smac de Nîmes), j’avais dans la tête ma liste de concerts à arpenter. De la même manière que le voyageur un peu peureux se fie à son guide du routard, j’avais fait mon choix a priori sur ce que j’allais voir, en me basant sur mes connaissances (lacunaires) des groupes à l’affiche. Pour le premier soir, outre les gros noms de Flying Lotus et Moderat, mes envies s’étaient portées sur trois groupes : Goat Girl, Andy Shauf et Alex Cameron. Comment digérer ma frustration quand je me rend compte qu’arrivé à 21h suite à un départ tardif, j’ai déjà loupé trois des cinq groupes que j’avais désespérément envie de voir. Je fais donc passer à la trappe The Make-Up de dégoût et en profite pour flâner autour du festival, et surtout récupérer les ustensiles nécessaires à tout bon festivalier : le pass Cashless pour pouvoir payer les consommations et les animations sur le festival, ainsi qu’une bonne bière blonde bien fraîche.

Je navigue donc sur le site du festival. Comme les années précédentes, le lieu se divise en 2 grands espaces, un intérieur et un extérieur. Trois salles sont présentes dans l’enceinte du Paloma : la Grande Salle (qui accueille les grands noms de cette édition) le Patio (une petite cour intérieure équipée d’une scène rudimentaire) et la Love Room (une espèce de club lounge où se suivent Djsets et karaokés). Dehors, entre différents foodtrucks et stands d’animations, sont disposées trois scènes : Flamingo, Bamboo et Mosquito (par ordre de taille décroissante). L’ensemble ressemble à une jolie plage aménagée avec quelques stands sympathiques (disquaires, bouquinistes, atelier couronne de fleur, hôtel de mariage, coiffeur…) qui donnent une ambiance estivale de bord de mer aux contours du Paloma.

Après avoir zoné un bon moment, je décide de ravaler mon amertume et me dirige vers mon premier concert de la soirée. Il est déjà 22h30 et Flying Lotus commence sur la scène Flamingo. Premier contact impressionnant avec le Djset du californien. Enfermé entre deux grands rideaux sur lesquels viennent frapper des projections vidéos, Steven Ellison, seul aux platines, s’acharne à déconstruire et broyer ses morceaux devant un public qui se densifie petit à petit. Si le set débute fort, une certaine lassitude s’affirme au fil du concert. À force de noyer le poisson, et de refuser au public la teneur psychédélique de son projet pour ne converser que la partie électro-trap plus destinée aux clubs, Flying Lotus s’enferme vite dans des gimmicks agaçants et peine à convaincre ; la plupart de ses morceaux terminant sur des anti-climax frustrants. Ajoutez à ça des visuels simplistes pas toujours de très bon goût et la diffusion opportuniste d’une bande-annonce de film dont il participe à la B.O en fin de set, vous obtenez la seule grande déception de ce festival. Autant vous dire que pour un premier contact, ça ne rassure pas.

Deuxième phase de déambulation. Suite à la déception engendrée par Flying Lotus (qui était une des grosses raisons qui justifiaient mon pass trois jours), je ne suis pas d’humeur à aller découvrir Chris Cohen ou Danny Brown, malgré les nombreuses recommandations de mes amis. Je traînasse donc mollement à travers les stands, décide de passer de la bière au coca afin d’être en mesure de prendre la voiture à 2h du matin à destination du Airbnb que l’on loue en centre ville et je me dirige vers la Love Room. Lumière tamisée et ambiance feutrée transforment la salle, où j’avais pu voir Moodoid pour un concert aussi épique qu’inattendu il y a quelques années, en une sorte de boîte de nuit champêtre à l’atmosphère bon-enfant. Je participe un peu à un karaoké de Creep hurlé par l’ensemble de l’auditoire déjà bien éméché (je rappelle qu’il n’est pas encore minuit) et je m’éclipse dès que l’occasion se présente (en l’occurrence, un des festivaliers qui tente une interprétation douteuse de Let’s Dance).

Retour devant la grande scène extérieure pour attendre Moderat, trio électro allemand et fusion des groupes Modeselektor et Apparat. Bonne pioche et l’impact attendu est enfin au rendez-vous. Le groupe commence fort et fait péter dès le deuxième morceau son gros single A New Error, soit le seul titre avec lequel je suis familier (désolé Reminder et Eating Hooks, mais j’ai du mal à retenir vos mélodies). Je me laisse donc porter pendant l’heure et demi de concert maîtrisée et puissante, sublimée par des Vjings et un jeu de lumières aussi créatifs que saisissants. Les deux heures du matin arrivent finalement très vite en compagnie du trio allemand, et ma présence sur cette cinquième édition du TINALS trouve enfin sa justification. Certains de mes amis essaierons de me faire regretter le set de Spring King (programmé au même horaire), mais rien n’y fait : Moderat est vraiment la première claque sans faux-pas que j’attendais tant. Ma petite liste en coin de serviette, si triste depuis mon arrivée sur le sol nîmois, se rassure donc. Oui, au-delà de la bonne ambiance et du soleil de plomb, il y aura des bons concerts ce week-end.

Bilan du premier jour

Vus : Flying Lotus, Moderat

Loupés : Goat Girl, Andy Shauf, Alex Cameron, The Growlers, The Make-Up, Chris Cohen, Danny Brown, Spring King, et le reste.

Claque : Moderat

Kurt Vile et Courtney Barnett annoncent une collaboration

C’est d’abord pas le biais d’une tournée et d’un backing band, The Sea Lice, que la collaboration entre l’américain Kurt Vile et l’australienne Courtney Barnett va premièrement se concrétiser. Un album est en préparation, et tout ce qu’on peut vous dire pour le moment, c’est qu’on a hâte!

On vous laisse avec deux morceaux choisis histoire de patienter :