Holly Herndon « Eternelle »

Holly Herndon, photo Par Boris-Camaca

Préparant la sortie de son prochain album « Proto » le 10 Mai prochain sur le label anglais historique 4AD, l’artiste du Tennessee rapatriée à San Francisco après un bref passage à Berlin, révèle une nouvelle vidéo en forme de manifeste « Eternal » : « Une transmission fantomatique inspirée par des idées d’amour éternel par le biais du téléchargement de l’esprit ; une histoire de vampire moderne. »

Elle a gardé de son séjour berlinois l’ensemble vocal avec lequel elle a travaillé et superpose des images d’elle-même trouvées sur le net, comme elle superpose ses voix répétées à l’infini. A la différence des précédentes compositions, Herndon ne travaille plus simplement avec des voix mais incorpore des rythmiques électroniques qui devraient lui ouvrir les portes vers un public plus large. Il s’agit du troisième album de l’artiste qui se taille une notoriété à l’image de ses propositions artistiques : forte, cultivée, réfléchie. Elle raconte que son album a été composée en compagnie de sa propre Intelligence Artificielle « Baby ».

A découvrir d’urgence avant tout le monde. On vous reparlera de l’album dans un article complet prochainement.


Low – Double Negative Triptych – « Quorum », « Dancing and Blood » and « Fly »

Low

C’est vers la fin des années 1960, que Michael Heizer, artiste du Land Art a quitté New York pour les déserts de la Californie et du Nevada où il a commencé à produire à large échelle des travaux gigantesques qui pourraient être vus de la Lune. Une de ses œuvres les plus célèbres est le Double Negative, une sculpture négative composée de deux entailles dans le désert du Nevada, une longue tranchée dans la terre, large de 13m, profonde de 15m et longue de 457m. Sa construction dura de 1969 à 1970 et résulte du déplacement de 244 800 tonnes de roches. Le «négatif» du titre de l’œuvre fait référence à la fois à l’espace négatif naturel et à l’artificiel.

Double Négative Michael Heizer
Double Négative Michael Heizer

L’œuvre consiste essentiellement dans ce qui n’est pas présent, dans ce qui a été déplacé. Et ce n’est pas anodin si Low groupe américain originaire de Duluth (Minnesota) actif depuis les années 90 et créateurs d’une musique singulière égrenée le long de plus de 11 albums emprunte au géant de pierre le titre de leur prochain album à paraître le 14 septembre 2018 et pour lequel 3 titres enchaînés sur une vidéo viennent de sortir. Ones and Sixes, le dernier album nous avait laissé sur les rivages lents et violents d’une beauté à couper le souffle, sublimé par BJ Burton dans les studios Eau Claire de Bon Iver. Aujourd’hui Low délivre 3 titres «Quorum», «Dancing and Blodd» and «Fly», issus du prochain album, un slowcore revisité en clair obscur alternant instants de clartés et de ténèbres, musique bruitiste et moments de lumière.

Michael Heizer avec Double Negative, a marqué les années 60 et 70 avec son univers brutal et ses monuments au gigantesque absolu, aujourd’hui Low semble entrer une fois de plus dans la légende de la musique.

A écouter attentivement, de multiple fois. Triple Etoiles.

PARANOÏD est dans PANAMA !

paranoïd

 « Spontanéité, c‘est le maître mot de Paranoïd, que ce soit dans l‘écriture de groupe ou dans le jeu, le groupe maîtrise son sujet. Des textes sincères sur des mélodies simples, accrocheuses mais poétiques, accompagnés d‘une orchestration riche et innovante; toujours actuelle. »

Paranoïd rejoint notre programme d’accompagnement, avec un rock actuel, mature, fondé sur le diptyque d’un chant maîtrisé oscillant entre le dur et le doux, et d’une musique aux riffs accrocheurs et populaires.

Le coup de cœur Rock de la sélection PANAMA !

https://www.facebook.com/paranoid.officiel/

ISCLE DATZIRA est dans PANAMA !

Iscle Datzira

Rencontré l’an dernier, Iscle Datzira rejoint le programme PANAMA pour 2018 et sa musique enveloppe le bureau des Musicophages depuis des semaines !

Jeune saxophoniste, disposant déjà d’un univers et d’une maturité musicale remarquables, Iscle vous fera virevolter au gré de ses classiques de jazz revisités, de ses improvisations maîtrisées et de ses mélodies caractérisées d’une technique sans concession. Une superbe découverte, à suivre de près !

Découvrez-le au naturel sur le bord de la mer à Barcelone, sa ville natale.

https://www.facebook.com/iscledatziramusic

https://www.iscledatzira.com/

Gofannon est dans PANAMA !

Gofannon

Aujourd’hui, nous avons choisi de vous faire découvrir Gofannon, un autre artiste découvert par Les Musicophages et en accompagnement dans le parcours PANAMA.

« Puisant sa force dans la musique traditionnelle et les visions sylvestres les plus archaïques, Gofannon mélange les genres, les ambiances et les langues pour délivrer une musique folklorique d’un caractère puissant, grave, ou formidable, selon les circonstances… »

Projet porté par Samuel Méric, nous proposant une musique pagan-folk, ambiante et acoustique,  accompagnée tantôt de chant Occitan, tantôt de chant Suédois, Gofannon vous nimbe d’un manteau de brume montagneuse et vous guide le long d’un sentier rocailleux, presque inquiétant, jusqu’à la salvatrice percée d’une voix chaleureuse à travers les nuages, réchauffant l’écoute et les âmes !

https://www.facebook.com/gofannon/

https://gofannon.bandcamp.com/releases

Humberto Pernett, grand fou du Carnaval de Barranquilla

Pernett - Photo by Johanna Guevara

En France, on aime Onda Tropica, Quantic, Bomba Stereo… Mais la fusion de l’ancien et du moderne, c’est lui qui l’a lancée au grand public. Humberto Pernett, c’est l’enfant espiègle de la musique colombienne. Depuis 2003, il compose et produit des mélodies traditionnelles avec des synthétiseurs, le tout mêlé a du reggae, de l’électro et d’autres sons modernes. Zero tabous pour ce magicien qui a préféré la véritable création plutôt que de tomber dans la récupération commerciale de la Cumbia. Résultat : il a tourné dans le monde entier et enregistré 6 albums jusqu’à devenir le père de la musique fusion colombienne. Notre reporter Omar l’a rencontré lors de sa déambulation fêtarde au Carnaval de Barranquilla. Témoignage.

Quiconque est allé au Carnaval de Barranquilla, peut attester que l’on y perd son âme à force de danser avec les rythme afro de la Colombie. La journée, ce sont les défilés traditionnels avec costumes, batailles de mousse et chars, qui sont à l’honneur, la nuit, la ville se transforme en un festival de concerts éparpillés partout dans les rues. C’est dans cet entre-deux, à 20h, entre chien et loup, que je suis allé voir Humberto qui se reposait sur sa terrasse en compagnie de sa copine. En bon carnavalero, il avait défilé sur un char et décoré sa maison de têtes de morts énormes : le courant est passé tout de suite. Nous avons bien rigolé en parlant de musique, de tout et de rien, avant que je parte continuer faire la fête, avec la promesse de nous revoir dans un cadre plus sérieux pour faire une vraie interview.

Nous nous sommes revus à Bogotá la veille de son concert pour un entretien d’une vingtaine de minutes. Malheureusement mon enregistreur n’a pas résisté à mes périples caribéens de plages, sable et désert à 40 degrés et l’enregistrement s’est dégradé. Je ne peux que vous offrir la traduction de la manière dont il se présente sur son site internet et qui résume très bien les propos d’un musicien de cette taille :

« Je suis une personne qui appartient au milieu alternatif, ma musique est une alternative à ce qu’on entend à la radio, un échappatoire aux choses classiques, ordinaires. Ma musique est une contre-culture mais elle est accessible à tous car ses racines sont populaires »

Chose marrante en Colombie, quand vous allez à une soirée alternative, que ce soit sur la chaleureuse côte, ou dans la fraîcheur des villes des montagnes, vous aurez droit au hit Optimo Positivo, premier tube de Pernett, et qui est un véritable voyage électro-reggae dont le refrain est chanté par tous les jeunes colombiens. À écouter sans modération dans le lien ci-dessous.

Vous pourrez avoir accès à toute la discographie de la bête sur son site internet. Notamment son dernier album Siembra solo amor, qui mêle une house latino  composée de vieux synthés, gaitas, marimbas, maracas, et autres percussions colombiennes.

http://pernett.co/

INGRID OBLED dans PANAMA !

Ingrid Obled

Troisième retenue de cet appel à projet (et nous en sommes fiers !), Ingrid Obled pose ses valises dans PANAMA, et son univers avec. Loin de la musique d’ambiance, du remplissage sonore ou d’une supercherie faite de frivolités, Ingrid envoûte et invite, son public se fige, hypnotisé, capturé, découvrant un instrument traditionnel finlandais, joué de main de maître, et sublimé par l’utilisation de réverbérations et de boucles lui accordant un écho sans précédent. Un instant en suspens, une ponctuation salvatrice dans notre imaginaire, dont on ressort à voix basse.

« Un univers à part avec sa vièle à archet finlandaise (nyckelharpa), sa contrebasse et son looper. Un voyage, une traversée de carrures rythmiques différentes se superposant, où les repères de temporalité sont effacés. Ainsi s’ouvrent des espaces intérieurs. Une expérience envoûtante, hors du  temps… »

https://www.facebook.com/ingridobled/

DJENAVI !

DJENAVI

Chaque jour, nous allons vous faire découvrir un projet artistique basé à Toulouse et qui est accompagné par le Centre de Ressource des Musicophages au travers du dispositif PANAMA. L’occasion d’écouter des projets naissants et volontairement hybrides pour une découverte un peu différente de ce qu’on a l’habitude d’entendre dans la ville rose. On démarre avec DJENAVI, un groupe découvert lors des auditions publiques au Bijou. Ce quartet propose une excursion musicale et lyrique, empruntant ci et là les codes de la musique de chambre, les sonorités orientales, le folklore balkanique, ou encore les structures modernes d’une musique contemplative et cinématique.

« Un soir d’hiver dans une maison froide. Un feu qui réchauffe et des instruments qui se rencontrent. Presque vivants, ils donnent le goût de l’aventure. L’envie de créer ensemble, de saisir les vibrations pour les explorer, les transformer, l’envie d’attraper des notes pour les savourer, leur donner vie… ».

https://www.facebook.com/Djenavi-1775562935805885/

Music Map ou une autre façon de découvrir la musique !

Music Map

Sortez des plateformes d’écoute qui modifient votre façon de pensée et vous influencent pour vous ramener vers une musique faite pour ne pas être entendue mais consommée. Music Map est un petit site sans pub, qui crée, autour d’un artiste, une galaxie d’autres artistes apparentés de près ou de loin et qui sont susceptibles de vous plaire. Chaque clic vous emmène vers d’autres artistes à découvrir ou non en fonction des affinités et de vos envies. Simple, rapide et hyper efficace et on ne vous vend rien. Enfin quelque chose d’objectif. Même si Music Map n’est pas nouveau, ce site offre une alternative nécessaire à partager et à consommer sans modération.

https://www.music-map.com/

PANGA NEBULA : La douceur de la Colombie

panga nebula photo

En direct de Bogotá (Colombie), par Omar notre correspondant !

Bogotá, connue comme ville des extrêmes, du bruit et du bordel, propose parfois des échappées mélodieuses qui peuvent surprendre mêmes les « bogotanos » les plus anciens. La Casa Kilele, centre culturel caché dans un quartier impopulaire est le théâtre de plusieurs de ces surprises. Je l’ai découvert à l’occasion du concert de Panga Nebula, un nouveau groupe qui fusionne musique traditionnelle colombienne et des sons électro incroyablement doux. Rencontre avec la nouvelle scène fusion.

On entre dans la salle et l’ambiance et tout de suite chill… Les gens sont installés sur des chaises, noyés dans une pénombre intimiste. Daiana, chanteuse de formation traditionnelle caraïbéenne (cumbia, bullerengue, currulao…) entame des paroles poétiques avec une voix douce et à la fois puissante dans la tradition de la musique afro-colombienne. Elle chante sur les compositions d’Orlando, basées sur des notes de guitare aériennes et des arrangements synthétiques. Je vous invite à revivre ce concert dans la vidéo de l’article car le public en est sorti captivé. Je sympathise avec le duo à la fin du concert. Le lendemain, entretien autour d’une pola (bière) pour parler du groupe et cette nouvelle scène colombienne.

D’où ça vient ce nom étrange de Panga Nebula ?

Daiana : « Panga » c’est un canoë en Colombie. J’aime ce nom car j’ai fait un parcours à travers les rivières et les mers, en même temps que nous nous sommes nourris de musiques du Pacifique. Alors Panga symbolise ces voyages géographiques et sonores que nous avons faits… Et « Nebula », eh bien nous ne nous proclamons pas de la musique traditionnelle, nous faisons une musique moderne, avec des instruments électro, des effets sonores… C’est un monde brumeux… Alors c’est comme si nous montions sur cette panga, que nous fassions ce voyage qui descend par les rivières, débouche sur la mer, pour finir sur les nuages.

Racontez-moi comment s’est passée votre rencontre, vous avez l’air de venir de mondes différents…

Orlando : Je viens du Rock et j’ai toujours aimé composer mais je ne suis pas à l’aise avec ma voix. On se connaît depuis un bon moment avec Dadia. On a fait la fête, on a participé à des buffs, et j’ai réalisé que j’avais enfin trouvé une voix qui me plaît. Nous sommes un duo mais nous faisons appel à d’autres musiciens pour interpréter nos chansons en concert et sur nos enregistrements… Ca fait 12 ans que nous avons commencé à étudier la musique traditionnelle, le bullerengue, mais ce n’est que maintenant que nous nous professionnalisons. Nous prenons notre temps, en essayant de ne pas trop nous prendre au sérieux, et sans nous inquiéter pour passer à la radio.

Daiana : après tant d’expérimentations, nous avons eu envie de partager nos chansons, car elles sonnent bien. C’est comme une berceuse pour l’âme et on en a besoin. Nos compositions sont l’histoire de ce pays, ce sont comme des contes, des hommages doux… On ne demande pas au public de sauter et sauter; la musique ça peut aussi nous caresser avec des mélodies simples.

Dans vos chansons, la partie traditionnelle est suave, mais les mélodies électro aussi, étonnamment. Vous pensez que vous êtes en train de créer quelque chose de nouveau ou que vous entrez dans une mouvance à la mode ?

Daiana : Tout a débuté il y a quelques années, quand les gens ont commencé à étudier la Gaita (ndlr: instrument typique du pays), à voyager à San Jacinto, apprendre avec les vieux maîtres, ensuite ils sont rentrés en ville et ont fait un mix avec batteries, funk, world music… On a un terme ici, assez généraliste qui désigne cette mouvance comme « nuevas músicas colombianas« . Il y a de tout là dedans, mais j’espère que notre projet est différent, car nous avons cette prétention de calme, où on n’a pas peur que les gens s’endorment. Et s’ils s’endorment, eh bien, qu’ils en profitent ! J’aime définir notre musique comme un « arrullo sonoro » (berceuse sonore).

Quels artistes colombiens vous pensez que nos lecteurs devraient absolument écouter?

Orlando: Panga Nebula !

Daiana : Sonidos Enraizados et Reef Records. Des labels qui ont enregistré in situ ou en studio des vieux artistes traditionnels dans les villages du pays. Grace à eux, le monde peut donc accéder à une musique qui est restée cachée longtemps. Le mieux, c’est de s’ intéresser à ces nouveaux labels qui font découvrir des artistes inconnus ou oubliés.

https://panganebula.bandcamp.com/

http://www.ibermusicas.org/pt/catalogo/9843

https://www.facebook.com/Panga-N%C3%A9bula-1796955313652165/

L’interview finit par un cadeau du duo, jouant en acoustique leur chanson la plus emblématique du moment, Aguas Claras, que vous pouvez écouter via le SoundCloud du groupe. Je vous laisse découvrir aussi les labels cités en interview, en attendant les nouveaux articles sur la scène colombienne !

Omar