Ambient machine

Si vous aimez la musique ambient, les bruits qui s’étirent en variation pendant des minutes longues commes de voyages sans fin dans l’espace, sachez que le genre est parfaitement représenté sur Bandcamp qui publie régulièrement des résumés de ce qu’il faut ne pas avoir loupé sur son site.

En Octobre / Novembre la sélection est donc pur jus et réalisée par Aurora Mitchell qui passe probablement ses nuits à fouiller dans l’immense base de données grâce à des mots clés magiques comme « dreamy » ou encore « nightmarish », des adjectifs qui donnent des définitions plutôt infinies à un genre encore sous apprécié ou développé dans l’hexagone mais qui a un solide public depuis les 80s.

The Best New Ambient Music on Bandcamp, October/November 2017

La Norvège nous offre son émergence !

Anna of the North

Continuant son travail de défrichage de l’émergence des différents pays du monde représentés sur son site de partage et de vente de la Musique, (le seul actuellement équitable pour les jeunes artistes), le Daily Bandcamp du moment est norvégien. Pas moins d’une douzaine de formations artistiques représentés pour nos oreilles en quête de nouveauté un peu fraîche et glacée. De la musique internationale électronique d’Anna of The North, en passant par la pop très actuelle d’Einar Stray Orchestra et de Chain Wallet ou encore la musique très nordique de Blood Forest qui n’aurait rien à envier à Emiliana Torrini et aux Sugarcubes, la surprise vient d’Alexander Von Mehren qui chante en Français !  Tadam !

A lire et à écouter ici : https://daily.bandcamp.com/2017/03/27/the-new-sound-of-norway/

Le Daily Bandcamp se découvre ici : https://daily.bandcamp.com/ et on aime.

 

 

 

Acetone au panthéon du slowcore

Le 22 septembre dernier Light in the attic a eu l’excellente idée de sortir une compilation  de titres tirés des 4 LP sortis entre 1992 et 2001 de Acetone.

Écouter: bandcamp, Deezer.

L’occasion de découvrir ou de redécouvrir un groupe cultissime et coolissime. Ce trio de Los Angeles a tourné avec The Verve, Mazzy Star ou Spiritualized mais malheureusement leur leader Ritchie Lee a mis fin à ses jours en 2001.

Souvent comparé au Velvet Underground, Acetone mériterait aussi d’apparaitre au côté de Low, Codéïne et Red House Painters dans les topitos du genre musical Slowcore.    François LLORENS

Talk Talk parle toujours à l’âme

Mark Hollis Talk Talk

Il n’y a aucune raison de parler de Talk Talk, aucune news, aucun concert, aucun revival, même pas la moindre petite interview à se mettre sous la dent.  Etrange car au moment même où l’ex new cold wave revient en copycat sournoise chez les adolescents européens abreuvés de Stranger Things, le silence radio, qui depuis l’album solo chef d’oeuvre de son leader charismatique Mark Hollis sorti en 1998, nous pèse tellement que l’envie de déterrer telle ou telle prestation Tv du groupe est irrésistible. Voici « I believe in you » sorti en 1986 dans l’album  « The Colour of Spring », ça n’a pas pris une ride. N’écoutez qu’avec votre coeur.

Cuarteto Tafí, les voix de l’Argentine toulousaine

Cuarteto Tafí interview musicophages

De tous les groupes latinos qui écument les bars et les festivals de Toulouse, le Cuarteto Tafí est l’un des seuls à avoir transformé la culture argentine avec douceur et originalité. Le résultat ? Des concerts passionnés que ce quatuor joue avec une finesse mélodieuse. C’est aussi l’un de seuls à avoir sur son compteur 3 albums, dont le dernier Semillas, paraitra le 10 Février 2018. Si vous ne les connaissez pas encore, faisons les présentations en compagnie de la chanteuse, Léonore qui a répondu à 3 questions clés pour les Musicophages.

Les Musicophages : « Cuarteto », on comprend, mais qu’est-ce que cela veut dire « Tafí »???

Léonore : Tafí est le nom d’une ville au Nord de l’Argentine, Tafí del Valle. Berceau du folklore, elle est perchée dans la montagne, dans la province de Tucumán. Tafí est un petit village qui vit entre les nuages et la brume, dans une vallée qui est comme suspendue entre la terre et le ciel, avec une empreinte historique forte forgée de résistance et de luttes indiennes. Elle accueillit bon nombre de compositeurs et inspira beaucoup de chansons populaires de part sa géographie mais aussi son histoire, rattachée à la musique traditionnelle.

Vous faites de la musique du nord-ouest argentin, pourtant l’Argentine possède un territoire énorme. Pourquoi avoir choisi cette partie précise d’un si grand pays?

Au début de notre rencontre, nous voulions rendre hommage au folklore du Nord ouest argentin, injustement méconnu ici en France. Lorsque l’on dit musique argentine, on pense au tango mais presque jamais aux zambas et aux chacareras. Pourtant elles ont forgé l’identité de la musique et construit le chemin de ce qui s’appellera le « folklore ». Elles sont rattachées à une zone géographique, aux espaces ruraux, aux problématiques liées aux paysans, à la terre, la récolte, l’amour aussi, le temps, la musique, la famille. Loin d’être conservatrices, ces musiques ont questionné la place de l’homme et de la femme dans son travail, la rudesse du travail, mais aussi la beauté de l’amour et la poésie des paysages. Atahualpa Yupanqui, Horacio Guarani, Mercedes Sosa, la famille Carabajal nous ont inspiré et accompagné durant tout ce chemin musical.

Vos chansons portent beaucoup de sens, il est question d’exil, d’injustice sociale, de la valorisation des cultures traditionnelles… que pensez-vous des artistes latino-américains connus en France, qui ne sont célèbres que pour une jolie mélodie et sons entraînants?

Aujourd’hui nous avons trouvé notre propre résonance musicale, l’essence de la musique argentine s’est mélangée à nos propres essences, à nos identités et ont donné un style propre et original qui mêle avec douceur et folie des sons afros, grecs, espagnols avec toujours un substrat argentin! Trois albums nous accompagnent aujourd’hui, nous en sommes très heureux! En tant qu’artistes, nous nous devons de questionner le monde qui nous entoure, l’interroger dans nos textes et accompagner aussi bien que mal un contexte politique et social qui est fragile et injuste. Mais aussi parler des mouvements porteurs d’espoir et de luttes permanentes en Amérique latine. « Les jolies mélodies et sons entraînants » sont éphémères, se las llevará el viento, et ne répondent qu’à une exigence commerciale et parfois politique, ils ne font que caresser le cœur et les oreilles, par contre les chants profonds et visionnaires se déposent à jamais sur la peau et nous accompagnent toute notre vie, comme une berceuse, une vielle cassette qui résonne dans les cuisines où nous avons grandit et nous rappellent combien ces musiques font partie de nous. Ecoute Gracias a la Vida de Violeta Parra, Ojalá de Silvio, Latinoamérica de Calle 13, Sólo le pido a Diós de Gieco, Zapata se queda de Lila Downs! Ces musiques, hymnes presque! font désormais partie de nous et feront à coup sûr grandir nos enfants!

Le rendez-vous est donné à Paris le 10 Février, pour le lancement du troisième opus, dans le cadre du festival « Au Fil de Voix ». Les toulousains devront attendre le concert du 8 mars, au « Rex ». Mais vous pouvez déjà écouter certains des morceaux et voir des vidéos sur le site internet du groupe, voyage sans retour assuré…

http://www.cuartetotafi.com/

Par Omar Wild.

Crédit photo : Guillian Diez

REVERSO–Suite Ravel : Debut album et Storytelling Jazz en jeux de miroirs

Reverso -Suite Ravel [PhonoArt oct.2017]

Peut-on, en musique, créer à partir de rien?  S’abstraire totalement des héritages et de l’air du temps et n’écouter que ses tripes ?  A ceux qui ont digéré la frustration de cette quête impossible s’ouvre la  voie royale de l’aventure et de l’innovation, une posture d’artisan inspiré, affranchi des académismes, et qui autorise mêmes toutes les rages, toutes les audaces.

Voici celle du projet jazz REVERSO et de son premier album Suite Ravel , par lequel l’innovation est questionnée au fil d’une traversée musicale en forme de jeu de miroirs entre l’œuvre d’un musicien des années ’30 : Maurice Ravel – l’homme au célèbre Boléro mais pas que ! – et ce qu’elle inspire dans leur langue jazz du 21e siècle aux leaders du projet REVERSO : Frank Woeste, pianiste d’origine allemande vivant en France,  et Ryan Keberle, tromboniste américain.

Sur la table, il y a Le Tombeau de Couperin, une œuvre composée entre 1914 et 1917 par Ravel sur le thème de l’amitié et en hommage aux compositeurs français du XVIIIe qu’il adorait.  Posé comme ça, d’accord, ça fait un peu vieux meuble!  Tssss…  Ravel, faut savoir, est un inventeur fertile, branché sur l’innovation en permanence, tous capteurs dehors, et pas que pour le style .  Ravel, faut savoir ça, fut un des premiers musiciens « classiques » à s’inspirer des développements harmoniques et du tout-puissant potentiel d’impro du Jazz.  En tournée au USA en 1928, il a pu dire :

Vous, les Américains, prenez le jazz trop à la légère. Vous semblez y voir une musique de peu de valeur, vulgaire, éphémère. Alors qu’à mes yeux, c’est lui qui donnera naissance à la musique nationale des États-Unis.

Juste retour des choses, c’est par la suite l’impressionnisme de Ravel qui influencera des pointures comme Miles Davis, Herbie Hancock, et bien d’autres.

Maurice RAVEL (1875 – 1937) [photo Boris Lipnitzki]
Faire du neuf avec du vieux, c’était le challenge de Ravel et ce sera celui du projet REVERSO.  Mais façon Haute-Couture, rénovation d’architecte, création de chef étoilé. Comme Ravel, Woeste et Keberle partent d’une forme ancienne : la suite baroque française, composée de six mouvements, pour la développer, la décliner, la conjuguer,  sublimer sa grammaire dans un storytelling labyrinthique et envoûtant.  C’est soyeux puis ça gronde.  On passe des volutes au beat entêtant.  Des fois on est perdus, tous sens brouillés comme au palais des glaces, puis le thème nous rattrape, à la sortie des rapides.  Ce truc est vivant !

Nous pensions qu’il était intéressant de voir comment Maurice Ravel parvenait à prendre quelque chose d’ancien et ensuite à créer, donnant cette musique incroyablement innovante et moderne, basée sur cette forme ancienne.  Voilà ! Nous avons essayé de faire la même chose.   (Ryan Keberle)

Pour restituer toutes les nuances de ces registres harmoniques dans un esprit de quatuor à cordes, Frank Woeste a voulu rapprocher les textures du trombone de Ryan avec celles du violoncelle de Vincent Courtois, misant sur l’amplitude chromatique de cet instrument chaleureux qui évoque tant la voix humaine.  Avec le batteur et percussionniste Jeff Ballard, Frank a trouvé un musicien ouvert aux explorations et garant d’une base rythmique qui est  l’interface essentielle pour un dialogue avec les compositions de Ravel.

Faire du neuf avec du vieux, c’est pas qu’une formule.  Les rappeurs les plus intègres reconnaissent avec émotion que leurs racines plongent dans le blues le plus pauvre, celui du Delta du Mississippi des années ’30, qui remontera ensuite vers Chicago en s’électrifiant.  Même pulsion, même urgence.

La Suite RaveI du projet REVERSO ne raconte pas autre chose : un voyage chaque fois réinventé.  Simplement ici, la suite Jazz est plus complexe qu’un blues ou qu’un son rap, plus sinueuse, mais pas grave : c’est le flux qui compte non ? Le trajet de la rivière en entier, ce qu’on traverse au pays des émotions, où elles nous mènent.

Une suite en musique, c’est peut-être la forme la plus adaptée pour accueillir une histoire.  Une belle histoire, bien fichue, en littérature, au cinéma, en peinture, c’est tout ce qu’on demande non ?  De Ravel à Reverso, toutes frontières abattues, c’est la grâce de l’invention qui emporte.  Et qui inspire, aujourd’hui comme hier.

line-up (sur la photo de g à d: Ryan KEBERLE, Vincent COURTOIS, Jeff BALLARD, Frank WOESTE

L’album est paru en octobre 2017.  Dispo aux formats cd et digital dans les circuits habituels.

frankwoeste.com

Spirit Fest par Spirit Fest

Spirit Fest by Spirit Fest

Esprit es-tu là ? Les premiers singles de Spirit fest accompagnent à merveille cet été indien. Un album nippon ni mauvais à la timidité étincelante et d’une naïveté étudiée.

Spirit Fest est né de la collaboration autour du couple japonais Tenniscoats. Ce sont joint à eux les allemands The Notwist, Jam Money et Joasihno. Tenniscoasts invitent depuis toujours d’autres musiciens à enfiler des splits comme pour le mémorable Two sunset 2009 avec les cultissimes The Pastels ou très récemment Raindrops avec Jad Fair et Norman Blake de Teenage Fanclub.

En attendant La sortie du LP pour le 10 novembre, le premier single Hitori Matsuri  sorti en août nous avait laissé présager avec ses arpèges doux de guitare et de piano épurés un disque propice à l’introspection. Le chant en japonais et la voix (trop ?) lascive et tout en retenue de la chanteuse provoque une atmosphère apaisante voire caressante. Un deuxième extrait en septembre Rain Rain puis un troisième single sorti début octobre River River qui débute cette fois par le chant de Markus. Ça coule et c’est cool, légèreté et camaraderie dominent ce disque ce qui donne un ensemble jamais ennuyant.

 

Morr and morr…

Spirit Fest sortira chez Morr Music le très bon label berlinois de musiques indé-electronica–dreampop-idm. C’est une rentrée bien vivante pour Morr qui a sorti en cette fin d’été l’excellent Dieter von Deurne and The Politics et leur très rock 90’ Nuclear Love. Morr music sort aussi Two Windows de Lali Puna adoubé fut un temps par Radiohead et donc cette fois sans Markus Acher mentor de The Notwist et ses infidélités musicales. François LLORENS

www.morrmusic.com

 

Susanne Sundfør panse nos plaies

Susanne Sundfor

On avait aimé les précédents albums de la norvégienne Susanne Sundfør et surtout « The Silicone Veil » sorti en 2012, qui avait fait connaître l’artiste au monde entier avec des titres et des vidéos troublantes et étranges telles que « White Fox » damant le pion à l’anglaise Bat For Lashes. Quelques collaborations plus tard dont le titre réalisé avec M83 pour la BO de Oblivion en 2013 ou encore le « never Ever » sorti l’année dernière avec Röyksopp avec qui elle avait déjà collaboré pour le tubesque « Running to the sea » ; la revoici dans le plus simple appareil et débarrassé des arrangements électroniques, dans un dépouillement folk qui met en valeur sa voix  magnifique, douce et parfois sombre. Le 29 septembre dernier, elle sortait son cinquième album « Music For People In Trouble » (PIAS) un album plutôt acoustique où la blonde nous offrait quelques unes de ces plus belles chansons au piano ou à la guitare dont le splendide « The Sound of War » qui tirera les larmes aux plus insensibles d’entre-nous. En novembre, elle tournera aux Etats-Unis et passera par la salle mythique anglaise le Shepherd’s Bush Empire, le 02 Mars.

Espérons quelques dates en France, mais c’est pas gagné…

L’album « Music for people in trouble » sur Deezer : http://www.deezer.com/fr/album/47498762

https://www.facebook.com/susannesundfor

WALTER SEXTANT, la part qui échappe…

WALTER SEXTANT photo par William Laudinat

Album SARAJEVO (2017)

Et si on virait de la table les vieux clichés qui traînent, genre jazz-pour-intellos, rock-progressif-qui-se-la-pète et pourquoi pas musiques actuelles, ce grand fourre-tout ?!
Posez-y donc cette galette, SARAJEVO, 2ème album du jeune groupe Toulousain emmené par Rémi Savignat, qui signe également les compositions.
Avis aux colleurs d’étiquettes : laissez tomber… Flairez plutôt. Lentement. Prenez ça pour l’exploration sensorielle qui définira le mieux l’idée de liberté que vous associez à la musique. Si on arrive là, le plus dur est fait, car pour la suite, avec l’alchimiste Walter Sextant aux manettes, il suffit de se laisser prendre l’imaginaire par les oreilles, et de glisser tout shuss dans l’univers puissamment narratif développé dans chaque titre et tout au long de l’album.
Sur la trame d’un power trio guitare-basse-batterie qui signe un héritage rock ’70 sublimé par sa fidèle Stratocaster, Rémi Savignat est allé métisser les couleurs et les textures d’une section cuivre à haut potentiel d’animation, aussi inventive qu’un feu follet pour tantôt fasciner, tantôt mettre le bazar, et bien sûr signer les évocations cinématographiques irrésistibles déroulées par exemple dans le morceau-titre Sarajevo. S’y ajoutent quelques nappes et effets-machines infusés du hip-hop parce que – bon sang – ces petits gars sont de leur époque !
Sur les propositions de Rémi, les musiciens ont harmonisé une créativité toute personnelle, fusionnée dans un bel esprit de band. C’est le même plaisir, exploratoire et décomplexé, qui ravit à l’écoute. C’est la part qui échappe au compositeur, qui échappe à l’auditeur écoutant, et – comme d’un rêve – dont on a tellement à apprendre.

On peut se faire une idée avec ce titre raconteur SARAJEVO, qui enchaîne puissances atmosphériques, fracas, et montées aux cieux ! Amen

Sur le site, plein de choses à lire, à écouter, ainsi que l’agenda des concerts. http://waltersextant.com/

Prochaines dates pour WALTER SEXTANT à Toulouse : ce vendredi 20 octobre à La Candela (St Cyprien) et le 25 novembre au Taquin (Les Amidonniers).

Un inédit de Sufjan Stevens !

Sufjan Stevens

C’est un inédit de son dernier album « Carrie and Lowell » que Sufjan Stevens nous délivre aujourd’hui en prévision de la sortie d’un album de remixes et d’inédits à sortir le 24 Novembre. qui s’intitulera « The Greatest Gift ».

Le monstre du lac Wallowa est une sorte de légende assez proche de celle du Loch Ness ; ici le monstre est utilisé comme métaphore des démons qui hantait sa mère et dont il relate sa relation dans « Carrie and Lowell ».