Smell like Schoos spirit

Benjamin Schoos, prononcez « skoz » est l’héritier de Christophe, un romantique quittant cette fois la parole pour mettre en avant sa musique.  Le dandy crooner compose pour beaucoup d’autres que je ne citerai pas et dirige le label Freaksville record  découvrant de fabuleux artistes que je cite volontiers : Clémentine March avec son ep:

Les étoiles à ma porte by Clémentine March

Le très prolifique Benjamin Schoos nous offre son 15 ème album studio mais cette fois, c’est une compilation de ses plus belles pépites instrumentales avec des inédits dedans. Ces 15 trésors sonores ont été composés entre 2011 et 2018 et sont très savamment compilés sur le bien nommé « Quand la nuit tombe sur l’orchestre ».

L’orchestre ici, c’est lui et ses claviers seventies, la nuit elle, tombe et l’inspiration monte, la parole s’éteint (enfin…) et les thèmes s’illuminent pour nous investir émotionnellement.

Le compositeur belge est un véritable artiste touche à tout, qui a façonné un parcours aux multiples facettes tout en sachant renouveler la chanson francophone. Comme par exemple dès 2014 en duo avec notre chère Laetitia Sadier, la chanteuse de feu Stereolab:

Malheureusement, il n’y a pas encore de liens pour son prochain disque afin d’illustrer cette chronique. C’est donc un disque muet à l’image de l’article et du bonhomme : une espèce de carte postale vintage sans rien de désuet où se croisent Jean-Jacques Perrey, François de Roubaix et Sébastien Tellier.

Le disque sortira évidemment sur son label Freaksville Music le 12 octobre 2018, car autrefois c’est maintenant et hier c’est demain.

François LLORENS

Les helvetes underground

Avec leur premier album “Certaines ruines“, Cyril Cyril marquera la rentrée et son territoire sur le paysage rock français. Leur créneau : exotisme lo-fi et transcendance poétique.

Après un premier ep distribué par les Disques Bongo Joe, excellent label suisse dépoussiérant la musique world underground, Cyril cyril sortira leur Lp Certaines ruines, le 28 septembre 2018 chez Born Bad Records. Ce n’est pas un hasard si Born Bad via leur boss, JB Wizzz les signe car tous les groupes de rock indépendant français qui comptent le plus actuellement sont chez eux. Certaines ruines est la nouvelle preuve que la scène rock francophone passe actuellement par une période très stimulante à l’instar de Grand Veymont, Catastrophe, Tôle froide, Ceylon, Train Fantôme, etc.
Cyril Cyril tandem au prénom miroir reflète l’air du temps : une génération cultivée aux aspirations multi-culturelles qui a parfaitement intégré tout l’héritage rock de ces cinquante dernières années. Les deux Cyril sont Genevois et ont un parcours au passeport bien rempli. Rien qu’à la lecture des titres du ep aux noms de sites très évocateurs : le colosse de Rhodes et Sayyara, Cyril Cyril a certainement un guide touristique sous un bras et les contes et légendes sous l’autre.  Le duo affiche un esthétisme arty sans prise d’esthètes, porte des costumes asiatiques en toute simplicité et s’invente ainsi un univers exotique idéal pour un été indie(n). Le groupe se transforme pour nous transporter avec leur rock lettré vers des contrées aux sonorités mystérieuses.
Certaines ruines roulera sur vous à la manière d’un palpé roulé. Fermez les yeux et laissez vous aller. Les 10 titres de 41 minutes s’écoutent comme on  raconte des histoires aux enfants. Pas celles dont on connaîtrait la fin ou les rouages mais celles qui tiennent en haleine, celles qui questionnent, celles qui brouillent les pistes, celles qui échappent aux définitions, celles qui remontent aux origines. Car comme trop peu de disques me le font dire dès les premières minutes : il se passe quelque chose à l’écoute de Certaines ruines. Je n’ai pas attendu avec impatience le refrain, le riff ou le gimmick qui se fait attendre. Rien de tout ça, j’ai de suite été subjugué par la simplicité de leur musique, roots sans être baba, vintage et moderne à la fois. La couleur particulière du lp passe par le choix important des instruments : banjo, sonnailles fait de coquillages, accordéon diatonique, orgue, guitare et batterie étranges, mais aussi par le mélange d’incantations/poèmes et de différents chants et langues dont une orientale pour Sayyara. Cyril cyril produit une espèce de transe velvetienne avec La ville, l’utilisation comme unique rythmique: des sonnailles évoque Moondog sur Colosse de Rhodes, celui-ci invite les « Âmes damnées au karma gigantesque » rien que ça ! Avec Samarcande à la mélodie arabisante et lancinante, comment interpréter cette voix qui nous répète « je ne fais que passer n’est-ce pas? » Est-ce prophétique? Et plus loin « Derrière moi les ruines devant moi les ruines » après eux le déluge? Ou est-ce une invitation à tuer le temps à leur écoute?
Le résultat de tout cet assemblage : une musique surprenante pour un disque hors norme et vagabond. Le split rêvé entre Brigitte Fontaine et Animal CollectiveCertaines ruines deviendra un monument ça c’est certain.

Catastrophe bienvenue

"la nuit est encore jeune"
photo de leur site

Il faut absolument découvrir Catastrophe déjà pour tous ceux qui avait loupé ce clip de dingue il y a un an, « Il y a une fête dans mon vagin » qui donnait déjà le ton : dada et arty. Ce collectif s’est créé en 2015 composé de membres variables autour de Pierre Jouan, musicien et compositeur principal et de Blandine Rinkel, écrivaine et chanteuse.

Objet musical non identifié La nuit est encore jeune se place sur le podium des lp inventifs en ce début d’année 2018. Ce disque baroque, bariolé et envoûtant additionne une somme d’influence et se démarque des projets indie en tout genre: Spoken word,  chant lyrique, choral, soul électronique, pop song bancale, etc.

Pour les membres du collectif, leur pari est réussi puisque leur souhait était que  » la musique puisse procurer des sensations, donner des envies »; c’est chose faite car on ne sort pas indemne à l’écoute du disque et surtout à la sortie de leur spectacle/performance.

Le disque concept La nuit est encore jeune est sorti le 19 janvier 2018 chez Tricatel (merci Bertrand Burgalat). Ce projet sort en parallèle de la sortie du livre-manifeste éponyme chez Pauvert.

Catastrophe décroise les jambes et croise les genres, mariage parfait entre sonorités ambitieuses et références poétiques.

François LLORENS

Smallville Tapes et le superman psyché-sensoriel

Stéphane Laporte aka Domotic quitte Clapping music et rejoint Gonzaï Record avec un cinquième album instrumental encore loin des dominations de l’industrie du disque. Smallville Tapes succède au superbe Le démon des hautes plaines, BO du court-métrage du même nom. Ce nouveau disque de psychédélices d’une durée de 36 minutes seulement hélas  fut enregistré sur un 4 pistes d’occasion dixit Laporte avec «de vieilles K7 achetées dans une station service avec du Carlos et du Kassav dessus ».

Adoubé par Forever Pavot, Domotic compose des bijoux d’orfèvre pop depuis 15 ans beaucoup trop discrètement. Sans forcément être un diggers, il faut absolument découvrir l’univers foisonnant de Stéphane Laporte, de par ses collaborations : Centenaire, Egyptology, Karaocake ainsi que la somme d’influences qui ressortent à l’écoute de l’album : François de Roubaix, Air, Gainsbourg, Chassol.

Les dix morceaux – aux titres aussi bien choisis que ceux des livres de Françoise Sagan – composent ce disque envoutant entre pop progressive et rock cinématique :  « Repos forcé », une (longue) introduction  à l’orgue, le gourou des claviers vintage nous plonge de suite dans son univers baroque, la messe est dite. « Luminosité variable », son Virgin suicide touche au cœur et apaise,  » cocktail étrange », imprégné de mélancolie fait des miracles, Domotic conclut avec « pierre angulaire » entre arpège souverain et mantra à la Melody Nelson.

Smallville Tapes ou comment ne pas tomber sous le charme  des compositions analogiques de Stéphane Laporte à la fois accessibles et sophistiquées?
Sortie similaire : Ojard « Euphonie ».

François LLORENS

Maud Geffray sort son nouvel album POLAAR

Maud Gefffray

POLAAR, le dernier album de Maud Geffray (Scratch Massive) sort aujourd’hui sur Pan European Recording. Laissez-vous porter par sa pop froide et sous-marine aux accents 80’s. Et bonus, il y a même du Flavier Berger dessus.

Louis Arlette en concert le 16 Mars à 20 h à Paris

Louis Arlette Photo

Dans la tête de Louis Arlette, il y a des nuages, du soleil et des tempêtes. Qu’importe le background du jeune homme ou le name dropping de sa bio, ce qui se joue dans sa musique est ailleurs et derrière des textes simples mais d’une beauté froide, et pendant que le panorama se charge de turbulences comme dans le titre L’Avalanche, nous voulons dormir avec lui sur les pierres dans la rivière…. Seul avec son Rhodes et ses effets, la puissance d’évocation reste intacte tant que les arrangements restent sobres.

Le 16 Mars sera l’occasion de le soutenir ou le découvrir dans un exercice pas toujours simple du concert dans une boutique café à La Passerelle. On y sera.

Fb events : https://www.facebook.com/events/1712617602382610/