Les oubliées de la folk : gloires à contre-temps

La musique folk apparaît entre les deux guerres aux États-Unis, et s’inspire de chansons traditionnelles ayant pour thème le labeur enduré au quotidien par le peuple. Elles sont remises au goût du jour grâce à des textes contestataires et poétiques, accompagnés d’instruments acoustiques. Au cœur des années 60 et 70, la folk est à son apogée. Nombreux sont les artistes à s’emparer d’une guitare pour chanter, mais peu de femmes sont reconnues pour leur talent. Certaines veulent percer dans la musique et enregistrent des disques qui ne bénéficient d’aucune promotion, tandis que d’autres ne chantent que pour elles-mêmes, et tiennent à rester confidentielles. Un point commun relie ces oubliées de la folk : leurs disques sont redécouverts au milieu des années 2000, et gagnent enfin l’estime du public. Plongez dans le récit de cinq destins de femmes hors du commun !

Vashti Bunyan

Karen Dalton, Colorado Blues

Née en 1937 en Oklahoma, Karen Dalton chante le folk et le blues, accompagnée d’un banjo ou d’une Gibson. Fraîchement divorcée, elle part pour New-York en compagnie de sa fille en 1960. Elles s’installent à Greenwich Village – quartier en pleine effervescence artistique – où elle joue des reprises de chansons folk traditionnelles dans des cafés. Son timbre vocal puissant lui vaut d’être comparée à Billie Holiday, et fascine Bob Dylan, qui ne jure que par elle. Hélas, dès que le public devient trop nombreux, Karen est angoissée et ne supporte plus de se produire en live. Avant qu’elle ne puisse percer, sa nervosité constitue un frein pour sa carrière. En 1962, alors que plusieurs artistes de la scène folk du Village enregistrent et connaissent leurs premiers succès, elle choisit de se retirer loin de la ville, pour s’installer dans les montagnes du Colorado où elle suit un mode de vie frugal pendant sept ans.

Karen Dalton et son banjo

Karen retourne à New-York en 1969 dans l’espoir d’enregistrer un disque, mais la scène folk a beaucoup évoluée depuis le début des années 60. Le producteur Nick Venet, subjugué par les prestations scéniques de la chanteuse à ses débuts, rêve secrètement d’enregistrer un disque avec elle. C’est donc lui qui produit son album It’s So Hard To Tell Who’s Going To Love You The Best. Tenant compte des peurs de Karen, il lui laisse prendre ses marques afin qu’elle se sente dans les conditions idéales pour réaliser le disque, enregistré en deux jours à peine! La majorité des morceaux sont des reprises qu’elle connaît sur le bout des doigts, et chantait dans son Colorado enchanté. Elle s’empare de ces titres pour leur offrir une interprétation bluesy et déchirante, qui ne s’inscrit pas dans les codes musicaux folk des années 60 et ne rencontre pas d’écho chez le public.

In My Own Time : second album de Karen Dalton

Après l’échec essuyé par son premier album, Karen est déçue mais n’abandonne pas la musique. En 1971, elle retente sa chance avec In My Own Time, produit par le bassiste Harvey Brooks au studio Bearsville à Woodstock, ville où elle vit depuis peu. Les titres de In My Own Time sont encore des reprises : certains sont des inédits qu’elle ajoute à son répertoire, mais d’autres figurent parmi ses chansons de chevet, à l’instar de « Katie Cruel ». Elle se réapproprie cette chanson traditionnelle datant de la Guerre d’indépendance d’une manière habitée, et marque l’esprit de ses auditeurs – en dépit d’un succès qui n’est toujours pas au rendez-vous, et annonce la fin de sa carrière. Karen développe alors une addiction à l’héroïne qui lui transmet le sida, et fait face à un cancer durant les huit dernières années de sa vie. Elle décède en 1993, mais connaît un succès posthume grâce aux rééditions de ses disques dans les années 90 et 2000. Elle incarne le symbole d’une chanteuse folk en marge pour ne pas avoir trahi ses idéaux artistiques, et incomprise de son vivant. En 2014, son ami et guitariste Peter Walkerréunit les textes de ses chansons – jamais enregistrés en raison de ses problèmes de santé – dans le livre Karen Dalton : Songs, Poems and Writing.

Vashti Bunyan, la marginale

Vashi Bunyan naît en 1945 à Newcastle, en Angleterre. Elle passe son enfance à Londres et part faire des études de dessin à l’université d’Oxford, dont elle est expulsée car elle préfère passer son temps à écrire des chansons. À l’âge de dix-huit ans, elle part à la conquête de New-York où elle découvre Bob Dylan : c’est une révélation pour la chanteuse en herbe. De retour à Londres, elle est repérée par Loog Oldham, le manager des Rolling Stones, qui veut faire d’elle la Marianne Faithfull de la folk. En 1965, elle enregistre une première démo Some Things Just Stick in Your Mind – au casting prestigieux : Keith Richards et Mick Jagger sont les paroliers, Jimmy Page est le guitariste. Elle nourrit le désir d’être la plus anti-commerciale possible, mais devient contre son gré une chanteuse en marge.

Désespérée par ses échecs successifs, elle abandonne la musique et quitte Londres en 1968 pour faire le tour de l’Écosse en roulotte avec sa jument, son chien, et son compagnon Robert Lewis. Elle retrouve Joe Boyd, producteur de l’opus Five Leaves Left de Nick Drake, qui s’était souvenu de sa voix lors d’une représentation. Il produit son album Just Another Diamond Day en 1970, aux côtés de l’arrangeur Robert Kirby qui a également travaillé avec le chanteur folk anglais. Édité chez Philips à quelques centaines d’exemplaires, sans aucune promotion, l’opus doit attendre le début du vingt-et-unième siècle pour être estimé par le public.

Just Another Diamond Day

Just Another Diamond Day est réédité en 2000 grâce au label Spinney. La chanteuse suscite l’admiration pour ses textes en connexion avec la nature et la contemplation, comme le suggère l’ode à la marche « Where I Like To Stand ». La voix douce de Karen berce ses auditeurs avec des contes plongés dans une dimension intemporelle. Alors qu’un revival folk bat son plein au cœur des années 2000, la chanteuse anglaise est enfin reconnue à sa juste valeur. Sa carrière est relancée, et elle enregistre deux albums chez Fat Cat Records (Sigur Rós) : Lookaftering en 2005 et Heartleap en 2014. Elle est invitée à collaborer sur les disques du chanteur folk Devendra Banhart et du groupe de folk-rock psychédélique Animal Collective.

Linda Perhacs, de la dentition à la chanson

Rien ne prédestinait Linda Perhacs à devenir chanteuse. À l’adolescence, elle passe son temps à écrire des chansons, activité que ses parents austères ne regardent pas d’un très bon œil. Après de brillantes études à Los Angeles, elle devient dentiste dans une clinique cossue de la ville. Proche du mouvement hippie, elle continue d’écrire des chansons au cœur de la nature, dès que sa profession le lui permet. La future chanteuse compte parmi ses patients un prestigieux compositeur de musiques de films : Leonard Rosenman ( La fureur de vivre, Barry Lyndon). Admirant la vivacité de Linda, il s’étonne qu’elle ne s’adonne pas à une activité artistique durant son temps libre. Elle lui révèle son goût pour la chanson, et il n’en faut pas plus au compositeur pour l’inviter dans son studio.

Rosenman découvre ses talents, et lui obtient un contrat avec le label Kapp Records pour qu’elle enregistre ses morceaux. Les thèmes oscillent entre l’échec amoureux et la solitude, comme sur le désespéré « Hey, Who Really Cares ». La nature est également à l’honneur sur « Chimacun Rain » qui célèbre la pluie. Sa voix cristalline redouble d’intensité sur les chœurs, et l’auditeur plonge dans un univers à la grâce poignante… Hélas le succès n’est pas au rendez-vous : le label ne s’occupe ni de la promotion du disque, ni d’organiser des concerts. Qui plus est, la qualité du pressage vinyle est médiocre. Parallelograms se perd dans la production artistique foisonnante des 70’s, et ne parvient pas à se démarquer. Comme elle ne peut vivre de sa musique, elle reprend sa vie d’avant, et continue d’être dentiste.

Parallelograms

En 2003, elle reçoit un coup de fil de Michael Piper, responsable du label The Wild Places, qui la recherche depuis deux ans. Il rêve de rééditer Parallelograms qui compte de nombreux adorateurs. Une première réédition voit le jour en 2005, puis une seconde paraît en 2008 chez Sunbeam Records. Elle devient une égérie folk citée comme influence par de nombreux artistes qui l’invitent à collaborer avec elle, parmi lesquels Devendra Banhart. Sa reconnaissance est tardive mais internationale, et lui offre l’opportunité d’enregistrer The Soul of All Natural Thing, en collaboration avec la multi-instrumentiste américaine Julia Holter. Quatre décennies après le début de sa carrière, la voix de Linda Perhacs n’a pas perdu de sa superbe, et ses compositions sont toujours aussi envoûtantes.

Sibylle Baier, folk confidentielle

Un mystère plane sur la biographie de Sibylle Baier, très peu documentée. Elle naît et grandit en Allemagne, qu’elle quitte au milieu des années 70 pour le pays de l’Oncle Sam et prend la nationalité américaine. En 1970, alors qu’elle vit encore dans son pays natal, elle enregistre quatorze chansons à la guitare acoustique sur son magnétophone, suite à un road-trip entre Gênes et Strasbourg. N’ayant pas l’intention de faire carrière, Sibylle Baier déménage aux États-Unis où elle se consacre entièrement à sa famille, et relègue ses chansons au placard.

Colour Green

En 2004, lors de son anniversaire, son fils Robby lui offre les bandes de ses titres gravées sur un CD, qui circule et atterrit entre les mains du label américain Orange Twin Records et l’édite en 2006. Sous le nom de Color Green, ses chansons de jeunesse ont pour toile de fond les instantanés mélancoliques de son quotidien, illustrés par des titres univoque « Remember the day » ou « I Lost Something In The Hill ». Quarante ans après avoir composé ces titres, et alors qu’elle ne s’y attendait pas, Sibylle Baier partage ses déceptions et ses doutes d’antan avec un public conquis.

La mystérieuse disparition de Connie Converse

Née en 1924 dans le New Hampshire, Connie Elizabeth Converse grandit dans une famille baptiste, et écrit des chansons pour transcrire ses états d’âmes. Dans les années 50, elle part vivre à New-York, dans le Greenwich Village, centre névralgique de la contre-culture. Elle nourrit l’espoir de faire carrière dans la musique, et travaille dans une imprimerie jusqu’au jour où elle quitte la Grosse Pomme, en 1961. À l’aube de son cinquantième anniversaire, elle fait une dépression, décide de changer de vie et de disparaître. Elle adresse une lettre à ses proches, entasse ses affaires dans sa voiture, et plus personne ne la revoit…

Alors qu’elle vit encore à New York, son ami créateur de dessins animés et producteur Gene Deitch enregistre les chansons qu’elle a écrites dans sa cuisine. Il est impressionné par son originalité, d’autant qu’à l’époque, les chanteurs de folk interprètent un répertoire traditionnel mais livrent rarement leurs textes. Pourtant Connie Converse se dévoile sans fard, à travers un registre intimiste. Trente ans après sa disparition, en 2004, Gene Deitch est invité dans une émission de radio new-yorkaise où il présente le titre élégiaque « One By One ». N’ayant jamais donné de concert ou de session studio, c’est la première fois que le public entend la voix de la chanteuse qui ne passe pas inaperçue. Dan Dzuda, un fan de jazz, la découvre alors qu’il est au volant de sa voiture. Subjugué par son talent, il tient à tout prix à faire connaître ses compositions au plus grand nombre. Il créé alors son label Squirrel Thing Recordings et édite en 2009 How Sad, How Lovely, composé de dix-neuf pépites. Connie Converse a beau avoir disparue, elle est tirée de l’oubli par cet admirateur, qui devine dans ses titres introspectifs sur la solitude et l’écueil des relations, le potentiel d’une grande dame folk.

Tomberlin – Pépite folk venue de l’Ouest

Son nom ne vous dit peut-être pas grand chose ici, nous même nous ne l’avons découverte qu’en mai dernier, lors de la dernière édition du festival This Is Not a Love Song, mais cette jeune américaine n’en demeure pas moins pleine de promesses…

De son nom complet Sara Beth Tomberlin, la jeune musicienne a débarqué il y a à peine plus d’un an avec son premier album intitulé At Weddings. Un opus tout en douceur qui nous ouvre pourtant la porte vers un monde  que la chanteuse a construit avec une voix puissante comme base.

A Nîmes, alors que nous faisions, pour la première fois, connaissance avec sa musique, la chanteuse avait réussi à remplir la salle du Club avec, pour seuls supports, sa guitare et un musicien qui l’accompagnait (tantôt au clavier, tantôt à la guitare). Il faut  bien l’avouer, cela n’était pas donné à tout le monde ! En effet, étant donné que le festival avait fait le choix de programmer plusieurs groupes/artistes sur les mêmes créneaux horaires, le flux des entrées et sorties était continu, le public allant et venant dans les différents lieux de concerts sans grande discrétion.

Cela n’a, pour autant, pas empêché Tomberlin de créer une vraie ambiance apaisante afin de nous faire vivre un instant hors du temps…

Si la voix prédomine dans la musique de cette artiste, ce n’est pas pour rien. Élevée dans un milieu très religieux, elle a commencé par chanter à l’église avant de s’en éloigner afin de faire vivre ses propres compositions. Reste que l’Américaine chante aujourd’hui avec beaucoup de justesse et une précision rare, ce qui donne une voix nous rappelant naturellement les chants religieux.

Outre la voix, Sara Beth s’accompagne, dans la plupart de ses morceaux, essentiellement de sa seule guitare sur laquelle elle joue des motifs plutôt simples mais efficaces, chers à la musique folk. C’est ce qui est le plus appréciable dans sa musique : tout y est en finesse, il n’y a rien en trop. Ajoutez à cela un équilibre parfait entre puissance, justesse et sincérité et vous obtiendrez une recette dont il ne faut pas passer à côté !

Tomberlin a grandi et élaboré son album dans un certain isolement et cela se ressent quelque peu dans sa musique, à travers ses morceaux intimistes, comme suspendus. L’univers de la jeune artiste semble également difficile à saisir dans son entièreté mais nul doute qu’elle en a encore sous le pied et qu’elle continuera de nous en dévoiler ses différentes facettes via ses prochaines créations…

Plus de renseignements sur l’artiste ici ou !

Les pérégrinations sylvestres de Gofannon

Craft, le nouvel album de Gofannon, tisse des narrations sonores où la nature se fait démiurge, magnifiée par une folk bucolique sur laquelle l’ombre du metal scandinave plane.

L’apprenti forgeron Samuel Méric a passé son enfance dans le petit village d’Auribail en Haute-Garonne, où il s’est imprégné d’une campagne sauvage qui lui a permis de créer un univers musical différent. Fasciné par Tolkien, il chante en français, anglais, suédois et en occitan dans lequel il puise des chants traditionnels. En 2016, il créé en solo Gofannon, un projet de folk pagan et sort son premier EP Prosodie. Les musiciens Rodolphe Johansson au violoncelle, Edouard Golfier aux percussions et Sarg Mercadier à la guitare (également chanteur d’Eydolon, formation réarrangeant des textes occitans avec des sonorités electro sombres) le rejoignent en 2018 pour enregistrer Craft qui sort le 24 mai chez Active Records au format numérique. Une version physique est prévue pour juillet chez Non Posse Mori Records, label français créé cette année et dédié au black metal, au neo folk ou encore à la musique médiévale.

Dans la mythologie celtique, Gofannon est le dieu des forgerons et les musiciens, passionnés d’histoire, colorent leurs textes de références traversant les âges afin de délivrer « une vision d’aujourd’hui des temps anciens et oubliés ». Les toulousains donnent un second souffle au folklore occitan en reprenant sur l’album deux chants traditionnels qui font honneur à la musicalité du patois. La chanson « Las fialairas / Herr mannelig » date du seizième siècle et raconte l’histoire de trois sœurs fileuses qui s’appliquent à la tâche toute la journée et est considérée comme un chant de travail entonné par les hommes pour se donner du courage lors des veillées.

Les compositions originales de Craft invitent l’auditeur à sillonner des plaines et des montagnes en l’immergeant dans ses narrations sonores aux multiples dédales. C’est un véritable pèlerinage que suggèrent les morceaux  » Escornboeuf » ou « Alaric », que la vielle à roue, le bol tibétain ou la guimbarde imprègnent d’une atmosphère sylvestre, transposée visuellement dans le clip « L’animal » dévoilé le 22 mai.

Kim, car pas chiant

Chantre du Do It Yourself, mélodiste hors pair, KIM travaille à la réhabilitation du kitsch en sublimant cette fois le Ukulélé à travers des compositions rafraîchissantes et toujours aussi émouvantes.

Sorti en petite grole (le contraire d’en grande pompe…) le 15 avril 2019 chez Equilibre Fragile, Kim s’en tape l’uku mais Uku tape sera certainement trop peu chroniqué sur les webzines musicaux et encore moins dans la presse mainstream et la trinité inrocks/telerama/libé qui font et défont le « cool ».

Kim Giani aka KIM originaire de Bordeaux est un chanteur et multi-instrumentiste mais pas que car trop d’idées grouille sous sa tignasse, il est aussi dessinateur (bandes dessinées, illustrations) et vidéaste ! Le maquisard de l’underground a composé plus d’une trentaine d’albums depuis environ vingt ans et ce dans tous les styles, des hymnes lo-fi plus vite que son ombre. Car dans la catégorie des musiciens hyper-prolifiques, KIM se place en tête, à l’heure où cette chronique est diffusée d’autres projets seront bouclés sous son nom de scène KIM ou sous différents avatars « parfois fantasmés et souvent pastiches », tous ses projets sont totalement non dénués d’humour et de troisième degré : les clopes, gainsbite, Jean-Michel Darre, etc.

Après avoir sorti en 2015 déjà chez Equilibre Fragile, Banjo Tapes, des compositions folk-acoustiques, Kim propose cette fois Uku Tapes (15 titres – 29mn) et donc au ukulélé et chant et ce toujours en cinq langues différentes: anglais, français, italien, arabe et russe!!!

(le jaune dans l’ère du temps)
titre magnifique que j’avais pu glisser dans mon top 2018 dans Magic Revue Pop Modern

Tout digger ou curieux que nous sommes, scrollant sans fin les sites de streaming se laissera séduire par cette musique rudimentaire et authentique à la Herman Dune ou Daniel Johnston. Tout Uku tapes est empreint d’une sensibilité à fleur de peau (« paulette blues ») et les compositions aux mélodies toutes plus accrocheuses les unes que les autres (« quelque chose qui me chiffonne ») nous accompagneront longtemps bien au delà de l’été qui pointe son nez.

François LLORENS

Toth est dit

Après une décennie marquée par la maladie de son ex-compagne, foudroyé par sa rupture, Alex Toth trompettiste averti, remonte difficilement la pente tout en multipliant les projets : hommage à David Bowie, formations punk, etc.

En juillet 2016, Alex Toth se remet d’un pied et cœur brisés, coincé dans son appartement au quatrième étage à Brooklyn avec plâtre et béquilles. Investi dans l’écriture et la composition, c’est là que le premier album de Tōth, « Practice Magic and Seek Professional Help When Necessary« , est né.

C’est une véritable renaissance car il en résulte un album dénué d’amertume et rempli de mélancolie ensoleillée. Toth a trouvé la force et l’inspiration nécessaire pour composer des harmonies chatoyantes rappelant les Beach Boys. Sa voix haut perchée et sa guitare folk agrémentées de ses envolées de solos de trompette et de violons confère à son lp une couleur pop époustouflante.


Que vous croyez ou pas à la psycho-magie de Jodorowsy ou à la méditation transcendantale, ce disque est un remède à toute crise existentielle. En attendant la sortie le 10 mai 2019 sur le label Figureith records et Northern Spy Records quelques titres sur les plateformes de streaming sont prescrits à dose homéopathique.

Alberto Montero revêt sa plus belle pop de chambre

Le troubadour espagnol s’affranchit du song-writing traditionnel avec un album de la maturité on ne peut plus harmonieux et au parti pris orchestral accessible à tous.

Les groupes indie espagnols traversent difficilement les Pyrénées.  Étant allé personnellement plusieurs fois à deux des grandes messes espagnoles que sont le FIB et le Low Festival , je ne suis jamais tombé de l’armoire avec la « pop » de la péninsule. Mise à part le concert de dingue de ZA! (des potes à Alberto d’ailleurs) en septembre 17 au détonnant festival Baignade Interdite  à Rivière dans le Tarn, je ne suis resté accroché qu’aux disques des cadors des nineties : Los planetas et Migala.

Après avoir fait ses gammes en groupe, Alberto Montero part s’installer à Barcelone et commence une carrière solo en marge de la production très popy espagnole. Dès 2008 il sort un premier disque où il joue à peu prés tous les instruments en chantant en anglais sur des compositions folk-rock. Pour son deuxième disque en 2011, Claroscuro, il chante cette fois dans la langue de Cervantes et ses compositions prennent une tournure plus romantiques.

Pour la petite histoire, c’est grâce à la programmation de l’improbable lieu le garage secret dans le quartier des Minimes toulousain, que j’ai pu découvrir l’année dernière Alberto Montero en première partie de Eloise Decazes & Eric Chenaux. Le Piers Faccini ibérique joua en solo avec sa guitare classique et interpréta des chansons mélancoliques sans être dramatiques. Sa prestation me laissa scotché et imperméable au duo qui suivi. Je lui ai acheté son disque Arco mediterraneo (2015) qui devint par la suite mon disque de chevet. A la première écoute, je m’aperçus qu’il  manquait deux titres exceptionnels qui étaient restés gravés dans ma mémoire depuis le concert : Hoy ayer et En el Camino  issu de Puerto Principe (2013) que j’ai pu retrouver heureusement sur son bandcamp.

Les deux titres ici unplugged plus quelques autres :

Les deux précédents LP sont selon moi et avec un enthousiasme pas très feint, proches de la quintessence du genre classical-folk. Les compositions sont habillées avec grâce par un quatuor à cordes, le timbre de voix angélique d’Alberto et sa technique de chant pro-lyrique auréole son œuvre de bout en bout. Ce sont deux  disques aux mélodies radicalement chantantes que nous attendions tous de Brian Wilson et Alberto Montero nous les a offert.

Depuis 2016 et jusque l’enregistrement en été 2017, le compositeur et tous les musiciens qui l’entourent pour son dernier projet ont empilé pierre après pierre afin de construire cette cathédrale.  Alberto continue d’expérimenter avec beaucoup de cohérence l’harmonie et le contrepoint. Son processus de création nous amène aujourd’hui, à l’écoute de La catedral sumergida, un disque plus intime  qui invite à  nous recueillir. Le valencien, catalan d’adoption,  s’éloigne de manière surprenante du song-writing pour se rapprocher d’une pop de chambre. Sa cathédrale nous submerge par des thèmes de piano à la Debussy, d’introductions au violoncelle oniriques et donne ainsi la part belles aux cordes et donc moins qu’à la guitare/chant comme auparavant.

Ce nouveau disque est peut-être le moins calibré pop, le plus conceptuel mais les compositions sont toujours aussi subjuguantes. Alberto Montero a, comme quelques-uns, trop de talent pour être célèbre. Son chef d’œuvre est distribué depuis le 6 avril 2018 par BCstore.

François LLORENS

Roche avoisine les plus grands

Aaron Roche,  musicien basé à Brooklyn n’est pas un artiste torturé mais contrasté. Il concocte du folk lo-fi en lui agrémentant des sonorités d’avant-garde, composition contemporaine mais inspirée par une tradition folk-américaine, Aaron Roche est un multi-instrumentiste qui travaille aussi et surtout comme ingénieur du son.

Sa tournée qu’il effectue actuellement en Europe permet de (re)découvrir sa discographie et son dernier LP Haha Huhu datant de l’année dernière. Seulement trois dates en France pour applaudir le troubadour new-yorkais en concert acoustique, les plus chanceux ne le manqueront pas le 10 Avril à Caen,  le 11 à Paris et le 12 à Lille.

Pour cet évènement, un nouveau clip a été réalisé par Anna RG pour l’excellent Supreme Monument avec comme guest au chant traditionnel indien : Mirande Rajeev.

Aaron Roche a un CV de poids puisqu’il accompagne en tournée depuis longtemps les plus grands folkeux de ces dernières années comme Lower Dens et Sufjan Stevens. Ce qui lui a permis de se construire une grande maturité et de se forger ainsi son propre style.  La preuve à l’écoute de ses chansons folk uniques en son genre et à l’émotion maîtrisée.

Aaron Roche

François LLORENS

Top 3 – 6 / 7

Brome par Rosa Merck (c)

François est jeune rédacteur sur notre webzine, il aime la musique indépendante et c’est toujours un bonheur d’écouter ses playlists sur Deezer. Il en a réalisé plus d’une vingtaine : http://www.deezer.com/fr/profile/117122091/playlists et réunit plus de 2200 followers sur le site de streaming, sa dernière playlist date de Décembre et s’appelle Propagande Musicale, tout un programme pour cet amateur qui tente de faire découvrir ses coups de coeurs, Propagande Musicale est riche de 37 titres à découvrir d’urgence http://www.deezer.com/fr/playlist/3888241662

Evidemment c’est une vraie torture pour lui de ne choisir que 3 albums … Les voici pourtant ! Une très belle sélection.

Crescent  « Resin Pocket »

http://www.deezer.com/fr/album/15790452

BROME « Grand Bois »

http://www.deezer.com/fr/album/47177362

Train fantôme « Manémeur »

 

 

 

Top 3 – 4 / 7

Penny Dreadful

Il est évidement celui qui a le goût le plus fin de la bande, le plus intelligent, celui qui comprend toujours tout et pourquoi une musique est émotionnelle. Son rôle est obscur, il change de nom tour à tour pour mieux troubler ses correspondants. Nolwenn affirme qu’il dort la tête en bas, les pieds accrochés au plafond et qu’il est probablement né à un siècle où l’électricité n’existait pas, on le soupçonne même d’avoir inspiré la série Penny Dreadful, c’est dire… Pourtant ses choix sont romantiques et peu sombres. On le croit toujours quand il dit que c’est le meilleur album du monde. C’est l’ancêtre. Méfiez-vous de ses oreilles …. et si vous ne pleurez pas à son top 3, vous pouvez devenir Serial Killer…. c’est sûr.

Susanne Sundfør « Music for People in Trouble »

Sampha « process »

Julian Baker « Turn out the lights »

Top 3 – 1 / 7

Top3

Pendant que le froid et la neige envahissent nos esprits de Noël,  nous avons décidé de revenir sur l’année qui vient de s’écouler et demander à tous les membres de notre équipe de nous donner leur top 3 des meilleurs albums de l’année 2017 et d’être surtout très subjectif. L’amour de la musique reste ici chez nous le plus fort. C’est le choix du coeur, le nôtre, qui a vibré sur les albums que nous avons le plus écoutés cette année. Nous n’avions pas envie de vous en parler mais plutôt de vous les faire écouter tranquillement, alors laissez vous conduire et vous verrez que notre équipe est très très éclectique . Surprise !

Nous commençons avec Franz, honneur à notre Président. Grand fan de Bob Dylan nous ne sommes donc pas étonné de le voir dans son top 3 de l’année 2017….

Noel Gallagher’s High Flying Birds : Who Built The Moon ?

Low RoarOnce in a Long, Long While

Bob Dylan : Triplicate