C’est le candidat portugais qui a été sacré grand vainqueur de la finale de l’Eurovision à Kiev (Ukraine) avec 758 points. Son univers intime qualifié un peu trop rapidement par Marianne James de «Tim Burtonien » et son chant en portugais, ont su toucher le cœur des juges et des téléspectateurs qui ont voté massivement pour lui.
Lors de son retour sur scène, il a déclaré :
“Nous vivons dans un monde de musique jetable, une musique de fast-food sans aucun contenu. Je pense que cela pourrait être une victoire pour la musique, pour les gens qui font de la musique qui a du sens. La musique, ce n’est pas des feux d’artifices. C’est des sentiments. Alors essayons de changer cela.”
Chaque année, et depuis plus de 20 ans, l’Eurovision célèbre naturellement l’Eurodance dans toutes ses formes et ses couleurs et chacun des pays tente de rivaliser d’audace et de tenues extravagantes pour remporter le Saint Graal et les millions qui vont avec. L’Eurodance, mouvement né en Europe sur les cendres de l’Italo House au début des années 90, a donné naissance à l’IDM (International Dance Music), fierté refoulée des Maisons de disques qui fabriquent de la musique au kilomètre pour alimenter les radios périphériques, et véritable poule aux œufs d’or des éditeurs.
La cérémonie 2017 de l’Eurovision a donc relégué les chanteuses hurleuses de voyelles en bas du classement pour tenter de célébrer l’originalité et la singularité, comme l’annonçait fièrement le slogan du concours teinté de gaytitude « Celebrate Diversity ». Un message de l’Ukraine qui a eu d’ailleurs bien du mal à faire passer dans son code du travail l’interdiction des discriminations en raison de l’orientation sexuelle, La Rada (Le Conseil Suprême) ayant dû s’y reprendre à au moins trois fois.
Dans cette tentative de renouer avec un public amateur de musique et de retrouver un semblant de légitimité musicale dans les médias, les comités ont éjecté du tableau dès les demi-finales les chanteuses survitaminées à forte poitrine, et les fac-similés trop évidents. Bien que la Suède ait envoyé l’artillerie lourde avec une réplique de Justin Timberlake au physique parfait, elle est tout de même passée au travers des mailles du filet mais n’a recueillie que 354 points et la 5ème position.
Les autres pays qui ont tenté l’originalité au risque parfois de copier des artistes « so hype » et branchés du moment, comme l’Arménie proposant une FKA Twigs plus orientale presque réussie ou encore la Bulgarie et son chanteur adolescent EMO ont su tirer leur épingle du jeu (la Bulgarie est arrivée en seconde position). Le pays participant qui a su probablement tirer partie de la différence et de la hype est la Belgique avec la jeune Blanche (17 ans) et son titre « City Lights » ; une coldwave synthétique aux accents rythmiques proche de New Order, et une jolie voix basse se déployant au fur et à mesure d’une musique entêtante et répétitive. Elle remporte la 4ème place du concours, son clip rassemble déjà près de 7 millions de vues sur Youtube et elle vient de remporter un disque d’or dans son pays.
C’est donc le Portugal qui recevra l’Eurovision l’année prochaine. Il est fort à parier que les autres pays vont s’inspirer de l’expérience de cette année et probablement reléguer l’Eurodance à un vieux souvenir …