Cuarteto Tafí, les voix de l’Argentine toulousaine

De tous les groupes latinos qui écument les bars et les festivals de Toulouse, le Cuarteto Tafí est l’un des seuls à avoir transformé la culture argentine avec douceur et originalité. Le résultat ? Des concerts passionnés que ce quatuor joue avec une finesse mélodieuse. C’est aussi l’un de seuls à avoir sur son compteur 3 albums, dont le dernier Semillas, paraitra le 10 Février 2018. Si vous ne les connaissez pas encore, faisons les présentations en compagnie de la chanteuse, Léonore qui a répondu à 3 questions clés pour les Musicophages.

Les Musicophages : « Cuarteto », on comprend, mais qu’est-ce que cela veut dire « Tafí »???

Léonore : Tafí est le nom d’une ville au Nord de l’Argentine, Tafí del Valle. Berceau du folklore, elle est perchée dans la montagne, dans la province de Tucumán. Tafí est un petit village qui vit entre les nuages et la brume, dans une vallée qui est comme suspendue entre la terre et le ciel, avec une empreinte historique forte forgée de résistance et de luttes indiennes. Elle accueillit bon nombre de compositeurs et inspira beaucoup de chansons populaires de part sa géographie mais aussi son histoire, rattachée à la musique traditionnelle.

Vous faites de la musique du nord-ouest argentin, pourtant l’Argentine possède un territoire énorme. Pourquoi avoir choisi cette partie précise d’un si grand pays?

Au début de notre rencontre, nous voulions rendre hommage au folklore du Nord ouest argentin, injustement méconnu ici en France. Lorsque l’on dit musique argentine, on pense au tango mais presque jamais aux zambas et aux chacareras. Pourtant elles ont forgé l’identité de la musique et construit le chemin de ce qui s’appellera le « folklore ». Elles sont rattachées à une zone géographique, aux espaces ruraux, aux problématiques liées aux paysans, à la terre, la récolte, l’amour aussi, le temps, la musique, la famille. Loin d’être conservatrices, ces musiques ont questionné la place de l’homme et de la femme dans son travail, la rudesse du travail, mais aussi la beauté de l’amour et la poésie des paysages. Atahualpa Yupanqui, Horacio Guarani, Mercedes Sosa, la famille Carabajal nous ont inspiré et accompagné durant tout ce chemin musical.

Vos chansons portent beaucoup de sens, il est question d’exil, d’injustice sociale, de la valorisation des cultures traditionnelles… que pensez-vous des artistes latino-américains connus en France, qui ne sont célèbres que pour une jolie mélodie et sons entraînants?

Aujourd’hui nous avons trouvé notre propre résonance musicale, l’essence de la musique argentine s’est mélangée à nos propres essences, à nos identités et ont donné un style propre et original qui mêle avec douceur et folie des sons afros, grecs, espagnols avec toujours un substrat argentin! Trois albums nous accompagnent aujourd’hui, nous en sommes très heureux! En tant qu’artistes, nous nous devons de questionner le monde qui nous entoure, l’interroger dans nos textes et accompagner aussi bien que mal un contexte politique et social qui est fragile et injuste. Mais aussi parler des mouvements porteurs d’espoir et de luttes permanentes en Amérique latine. « Les jolies mélodies et sons entraînants » sont éphémères, se las llevará el viento, et ne répondent qu’à une exigence commerciale et parfois politique, ils ne font que caresser le cœur et les oreilles, par contre les chants profonds et visionnaires se déposent à jamais sur la peau et nous accompagnent toute notre vie, comme une berceuse, une vielle cassette qui résonne dans les cuisines où nous avons grandit et nous rappellent combien ces musiques font partie de nous. Ecoute Gracias a la Vida de Violeta Parra, Ojalá de Silvio, Latinoamérica de Calle 13, Sólo le pido a Diós de Gieco, Zapata se queda de Lila Downs! Ces musiques, hymnes presque! font désormais partie de nous et feront à coup sûr grandir nos enfants!

Le rendez-vous est donné à Paris le 10 Février, pour le lancement du troisième opus, dans le cadre du festival « Au Fil de Voix ». Les toulousains devront attendre le concert du 8 mars, au « Rex ». Mais vous pouvez déjà écouter certains des morceaux et voir des vidéos sur le site internet du groupe, voyage sans retour assuré…

http://www.cuartetotafi.com/

Par Omar Wild.

Crédit photo : Guillian Diez