Daniel Blumberg, le renouveau d’un innovateur de génie

C’est un alien, un de ces artistes qui arpentent le monde du son et de l’art en laissant de côté les sentiers battus, c’est pourquoi son nom est inconnu du grand public. Ne vous y trompez pas pour autant : Daniel Blumberg est loin d’être un novice…

Bien qu’il n’ait même pas trente ans, il a déjà de nombreuses années d’expérience derrière lui puisqu’il a d’abord évolué dans des formations telles que le célèbre Yuck, groupe au sein duquel il a œuvré jusqu’en 2013, avant de partir pour de nouvelles aventures – avec des musiciens rencontrés au Café Oto notamment.

Une période durant laquelle l’artiste disparaît quelque peu du devant de la scène et c’est cinq ans et une rupture amoureuse plus tard qu’on le retrouve avec Minus, son premier album solo sorti en mai 2018. Un opus qui nous avait marqué par sa qualité et son audace : que cela soit au niveau musical ou concernant les formats eux-même rien ne rentre dans les cadres habituels. On est loin de la classique alternance couplet/refrain, les sonorités sont souvent assez brutes et l’on ne trouve sur cet opus que sept titres…oui mais sept chansons dont les durées sont presque toutes supérieures à quatre minutes, sans parler de Madder, morceau-fleuve et lunaire de 12min33 (!).

C’est donc avec curiosité et plaisir que nous avons vu réapparaître Blumberg dans nos radars, un an et une tournée plus tard, avec son EP Liv, sorti en mars dernier. Inutile de vous dire que ce cinq titres nouvellement né vaut sérieusement le détour ! La voix y est plus sage qu’auparavant, plus travaillée aussi peut-être, mais on ne perd pas pour autant l’essence de la musique de l’artiste.

En effet, le londonien continue d’y composer des morceaux créés compulsivement et d’expérimenter (de manière presque provocatrice par moment) comme lors de sa prestation donnée à l’Eglise du Gésu le 23 mars dernier. Le public a alors eu la chance de le voir déambuler – accompagné de Billy Steiger au violon – dans tout le bâtiment, alternant les instruments, les intonations de voix et les déconstructions de morceaux. Plus qu’un simple concert, l’artiste nous y a offert, durant plus de deux heures, une véritable performance, à l’image de celles couramment répandues dans le monde de l’art contemporain.

Insaisissable, Daniel Blumberg est, sans nul doute, un de ces génies qui, à travers leurs créations, bousculent les lignes et nous forcent à remettre en cause notre regard sur la musique et sur l’art en général.

Un artiste à voir et à écouter sans modération !

https://instagram.com/_danielblumberg_

https://www.youtube.com/channel/UCqHB1phnJAte62LuKcRrQUw

Photo ©Steve Gullick

Il faut vivre avec FONTAN

Fontan sort son magnum opus “Le jazz acrylique“ sur ZE Records, mythique label qui a marqué au fer rouge les pionniers de l’underground new-yorkais : Suicide, Lydia Lunch, John Cale, etc.

L’underground tarnais ne regorge pas que de philistins goguenards déclamant des poèmes soulographiques. C’est dans une atmosphère de strict apartheid culturel, le Tarn, son bouge régulier que Fontan explose tout les préjugés des chroniqueurs parigo-centrés. De part ses origines contestées quoique probables où il puise son inspiration, Fontan fait du rock, pas celui devenu une étiquette garantissant l’allégeance à un simulacre de non conformisme mais celui qui révèle la forme toujours autre du feu qui nous habite.

Aucune allergie à l’écoute du jazz acrylique car c’est plutôt du rock soyeux cousu mains confectionné ici et qui nous électrise. De la haute couture puisque Fontan a le souci de la matière première : guitares et ampli vintage. Avec sa Gretch lui servant de catalyseur à riffs, Fontan exprime le puissant courant de sa fantaisie. Une production qui n’est pas dans le calibrage à tout prix ni dans les formats d’oppositions d’un quelconque art migraineux. Le grain lo-fi des fuzz, les silences fracassant et une voix de crooneur spectrale donnant le vertige sont les ingrédients parfaits pour ses compositions dream rock. Pour les anglophones, ses textes poétiques les plongeront dans un puissant maelström d’émotions pour s’échouer sur des rives inattendues.

L’Olympe du rock à ses dieux et Fontan patiente dans son antichambre. Fake News pas encore démentie : le disque serait un side project de Lou Reed avant transformer.

François LLORENS

Oddur est si doux

Avec Four sequencies, El Odderiño guitariste virtuose islandais offre un EP d’une douceur sans pareille.

L’Islande nous réserve encore des découvertes musicales inouïes et je vous assure d’emblée que Björk ou Sigur Ròs ne sortiront pas d’une source d’eau chaude au détour de cette brève. Loin d’être isolée ou renfermée sur elle-même, l’île de la géothermie s’ouvre au monde depuis toujours et l’effervescence de musiciens s’impose dans nos casques depuis l’avènement des sites de streaming. Mais qu’est-ce qui fait qu’il y a une si grande concentration de talents? Seraient-ce les vapeurs de quelques volcans? La proximité du cercle polaire ? Ou le fait que d’anciennes mythologies comparent leurs terres et paysages à la porte des enfers? il n’en est rien, la réponse se trouve dans leur culture et le système éducatif qui enseigne à tous la pratique d’un instrument dès le plus jeune âge. Ainsi jouer le Clavier bien tempéré de Bach équivaut, chez nous, à réciter une petite comptine.

La vidéo qui suit nous montre l’artiste dans un sauna, Oddur à cuire ? reprenant Sons de Carrilhões de João Pernambuco.

A peu de chose près, j’écrivais une brève sur Örvar Smárason (Mùm) qui s’apprête à sortir son premier album solo chez Moor Music.  Mais il a fallu que je croise le chemin de Oddur, personne passionnée/passionnante, humble et honnête. Le genre de rencontre qui permet de remettre les pendules à l’heure ou plutôt de s’en débarrasser.  Son approche contemporaine de la guitare et sa passion pour le répertoire andalou m’a réconcilié avec l’instrument. Ce qui a réorienté mes écoutes récentes vers des sonorités pures sans arrangements gonflés/gonflants.

Oddur S. Báruson aka El Odderiõ est donc un guitariste classique, né et résidant à Reykjavík. Son premier contact avec la musique a été établi au début de son adolescence, jouant de la guitare électrique avec des groupes de rock n’roll. Vers l’âge de vingt ans, il s’intéresse à la guitare classique et c’est dans cette voie qu’il poursuit ses études au Conservatoire FÍH.  Oddur a joué sur scène en tant que guitariste classique à plusieurs reprises, à la fois en groupe et en solo. Il a enregistré et publié de la musique issue du répertoire classique, des compositeurs tels que Heitor Villa-Lobos, Fernando Sor (attention, c’est addictif) et Antonio Lauro. De plus, c’est un arrangeur prolifique de la musique populaire pour guitare classique. Dernièrement, son attention s’est fixée sur ses propres compositions. En toute fin d’année dernière, il a donc publié sur son bandcamp une pièce en quatre mouvements, intitulée Four Sequences et travaille actuellement sur son prochain LP de compositions originales

Attaché à une musique dont il est parvenu à pénétrer les influences pour mieux les transcender, El Odderiño évoque tour à tour avec Four Sequencies un jour de voyage, une nocturne, la lueur du soir et la brise du matin. Oddur interprète ses compositions courtes aux lignes mélodiques amples avec grâce et sensibilité ce qui ravira au plus profond d’entre nous les âmes poétiques .

François LLORENS

Cuarteto Tafí, les voix de l’Argentine toulousaine

Cuarteto Tafí interview musicophages

De tous les groupes latinos qui écument les bars et les festivals de Toulouse, le Cuarteto Tafí est l’un des seuls à avoir transformé la culture argentine avec douceur et originalité. Le résultat ? Des concerts passionnés que ce quatuor joue avec une finesse mélodieuse. C’est aussi l’un de seuls à avoir sur son compteur 3 albums, dont le dernier Semillas, paraitra le 10 Février 2018. Si vous ne les connaissez pas encore, faisons les présentations en compagnie de la chanteuse, Léonore qui a répondu à 3 questions clés pour les Musicophages.

Les Musicophages : « Cuarteto », on comprend, mais qu’est-ce que cela veut dire « Tafí »???

Léonore : Tafí est le nom d’une ville au Nord de l’Argentine, Tafí del Valle. Berceau du folklore, elle est perchée dans la montagne, dans la province de Tucumán. Tafí est un petit village qui vit entre les nuages et la brume, dans une vallée qui est comme suspendue entre la terre et le ciel, avec une empreinte historique forte forgée de résistance et de luttes indiennes. Elle accueillit bon nombre de compositeurs et inspira beaucoup de chansons populaires de part sa géographie mais aussi son histoire, rattachée à la musique traditionnelle.

Vous faites de la musique du nord-ouest argentin, pourtant l’Argentine possède un territoire énorme. Pourquoi avoir choisi cette partie précise d’un si grand pays?

Au début de notre rencontre, nous voulions rendre hommage au folklore du Nord ouest argentin, injustement méconnu ici en France. Lorsque l’on dit musique argentine, on pense au tango mais presque jamais aux zambas et aux chacareras. Pourtant elles ont forgé l’identité de la musique et construit le chemin de ce qui s’appellera le « folklore ». Elles sont rattachées à une zone géographique, aux espaces ruraux, aux problématiques liées aux paysans, à la terre, la récolte, l’amour aussi, le temps, la musique, la famille. Loin d’être conservatrices, ces musiques ont questionné la place de l’homme et de la femme dans son travail, la rudesse du travail, mais aussi la beauté de l’amour et la poésie des paysages. Atahualpa Yupanqui, Horacio Guarani, Mercedes Sosa, la famille Carabajal nous ont inspiré et accompagné durant tout ce chemin musical.

Vos chansons portent beaucoup de sens, il est question d’exil, d’injustice sociale, de la valorisation des cultures traditionnelles… que pensez-vous des artistes latino-américains connus en France, qui ne sont célèbres que pour une jolie mélodie et sons entraînants?

Aujourd’hui nous avons trouvé notre propre résonance musicale, l’essence de la musique argentine s’est mélangée à nos propres essences, à nos identités et ont donné un style propre et original qui mêle avec douceur et folie des sons afros, grecs, espagnols avec toujours un substrat argentin! Trois albums nous accompagnent aujourd’hui, nous en sommes très heureux! En tant qu’artistes, nous nous devons de questionner le monde qui nous entoure, l’interroger dans nos textes et accompagner aussi bien que mal un contexte politique et social qui est fragile et injuste. Mais aussi parler des mouvements porteurs d’espoir et de luttes permanentes en Amérique latine. « Les jolies mélodies et sons entraînants » sont éphémères, se las llevará el viento, et ne répondent qu’à une exigence commerciale et parfois politique, ils ne font que caresser le cœur et les oreilles, par contre les chants profonds et visionnaires se déposent à jamais sur la peau et nous accompagnent toute notre vie, comme une berceuse, une vielle cassette qui résonne dans les cuisines où nous avons grandit et nous rappellent combien ces musiques font partie de nous. Ecoute Gracias a la Vida de Violeta Parra, Ojalá de Silvio, Latinoamérica de Calle 13, Sólo le pido a Diós de Gieco, Zapata se queda de Lila Downs! Ces musiques, hymnes presque! font désormais partie de nous et feront à coup sûr grandir nos enfants!

Le rendez-vous est donné à Paris le 10 Février, pour le lancement du troisième opus, dans le cadre du festival « Au Fil de Voix ». Les toulousains devront attendre le concert du 8 mars, au « Rex ». Mais vous pouvez déjà écouter certains des morceaux et voir des vidéos sur le site internet du groupe, voyage sans retour assuré…

http://www.cuartetotafi.com/

Par Omar Wild.

Crédit photo : Guillian Diez

A la recherche de nos nouveaux chroniqueurs !

chroniqueur webzine musicophages toulouse bénévoles

Notre webzine décrypte, déniche et affiche ses derniers coups de cœur musicaux. On vous a fait découvrir des pépites et c’est nous maintenant qui sommes à la recherche de LA pépite.  Le ou la chroniqueuse qui aux côtés de  nos chroniqueurs d’anthologie viendra compléter notre équipe de choc.  Si tu as un point de vue personnel sur le monde musical, une plume élégante ou incisive, notre futur chroniqueur musical tu seras.

Pour poser votre candidature, envoyer votre demande à : nolwenn@musicophages.org, accompagnée de quelques exemples de vos talents.

 

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Le père de la TR 808, Ikutaro Kakehashi est mort

Tr - 8080

Ikutaro Kakehashi fondateur de la marque Roland est mort à l’age de 87 ans et toute la musique électronique est aujourd’hui en deuil. Pionnier des instruments électroniques et créateurs de synthétiseurs  comme le Jupiter 8 et ses déclinaisons Juno, Il est aussi le célèbre inventeur des boites à rythmes TR-808 et TR – 909 qui ont révolutionné la musique dès le début des années 80. C’est dans les années 50 que le japonais originaire d’Osaka avait démarré sa carrière en ouvrant une boutique de revente de radio puis passionné de musique il avait consacré sa vie à l’élaboration de synthétiseurs. C’est en1972 qu’il fonde la marque Roland.

Ecoutez en AVP l’album de Kelly Lee Owens

Kelly Lee Owens photo

Le premier album de Kelly Lee Owens est en écoute sur NPR (New York Public Radio) en streaming et en avant première avant sa sortie le 24 Mars sur le label norvégien « Smalltown Supersound ».

http://www.npr.org/2017/03/16/520011729/first-listen-kelly-lee-owens-kelly-lee-owens

Entre musique électronique répétitive des années 2000 et Folk anglaise revisité 80s à la Virginia Astley, la jeune femme de 28 ans avait précédemment attiré l’attention avec une série de Eps sur son Bandcamp. Il plane dans l’album éponyme de la londonienne comme un léger retour à la Street Beat et si l’on pense parfois à Grimes c’est probablement parce que Claire Boucher à ré-ouvert la boite de pandore en multipliant les reverbs et les delays sur sa voix, ce que Kelly Lee Owens n’oublie pas de faire et c’est un poil assommant.  Mention spéciale pour l’excellent « Keep Waiting » où les références enfin oubliées font place à une personnalité plus complexe.

Ceux qui aiment la norvégienne Jenny Hval la retrouveront sur le titre Anxi.

Une série de concerts en Europe sont prévus et particulièrement en France à Toulouse, le 17 Mai pour une Waiting Room et à Paris le 11 Juin au Festival We Love Green.

https://www.facebook.com/kellyleeowens/

 

 

 

Low Roar dévoile « Bones »

Low roar photo

Low Roar dévoile « Bones » le premier single de son nouvel album à sortir « Once In A Long, Long While » sur Nevado Music et prévu pour le 5 Mai.  Plus pop mais tout aussi mélancolique que les précédents opus,  Ryan Karazija est accompagné par une islandaise Jófríður Ákadóttir, membre du groupe Samaris. Pas étonnant puisque le garçon vit à Reykjavik.  La chanson est  inspirée  du dernier message de séparation d’avec sa petite amie de l’époque. Des paroles simples et touchantes pour un duo sensible.

Il y aura quelques dates en France : Le 23 Mai à Paris au Badaboom et le 30 Mai à Lille au Splendid.