Tomberlin – Pépite folk venue de l’Ouest

Son nom ne vous dit peut-être pas grand chose ici, nous même nous ne l’avons découverte qu’en mai dernier, lors de la dernière édition du festival This Is Not a Love Song, mais cette jeune américaine n’en demeure pas moins pleine de promesses…

De son nom complet Sara Beth Tomberlin, la jeune musicienne a débarqué il y a à peine plus d’un an avec son premier album intitulé At Weddings. Un opus tout en douceur qui nous ouvre pourtant la porte vers un monde  que la chanteuse a construit avec une voix puissante comme base.

A Nîmes, alors que nous faisions, pour la première fois, connaissance avec sa musique, la chanteuse avait réussi à remplir la salle du Club avec, pour seuls supports, sa guitare et un musicien qui l’accompagnait (tantôt au clavier, tantôt à la guitare). Il faut  bien l’avouer, cela n’était pas donné à tout le monde ! En effet, étant donné que le festival avait fait le choix de programmer plusieurs groupes/artistes sur les mêmes créneaux horaires, le flux des entrées et sorties était continu, le public allant et venant dans les différents lieux de concerts sans grande discrétion.

Cela n’a, pour autant, pas empêché Tomberlin de créer une vraie ambiance apaisante afin de nous faire vivre un instant hors du temps…

Si la voix prédomine dans la musique de cette artiste, ce n’est pas pour rien. Élevée dans un milieu très religieux, elle a commencé par chanter à l’église avant de s’en éloigner afin de faire vivre ses propres compositions. Reste que l’Américaine chante aujourd’hui avec beaucoup de justesse et une précision rare, ce qui donne une voix nous rappelant naturellement les chants religieux.

Outre la voix, Sara Beth s’accompagne, dans la plupart de ses morceaux, essentiellement de sa seule guitare sur laquelle elle joue des motifs plutôt simples mais efficaces, chers à la musique folk. C’est ce qui est le plus appréciable dans sa musique : tout y est en finesse, il n’y a rien en trop. Ajoutez à cela un équilibre parfait entre puissance, justesse et sincérité et vous obtiendrez une recette dont il ne faut pas passer à côté !

Tomberlin a grandi et élaboré son album dans un certain isolement et cela se ressent quelque peu dans sa musique, à travers ses morceaux intimistes, comme suspendus. L’univers de la jeune artiste semble également difficile à saisir dans son entièreté mais nul doute qu’elle en a encore sous le pied et qu’elle continuera de nous en dévoiler ses différentes facettes via ses prochaines créations…

Plus de renseignements sur l’artiste ici ou !

L.A. Zine Festival

Le festival de fanzines de Los Angeles se déroulera le dimanche 26 mai dans l’entrepôt de l’ancienne boulangerie industrielle Helms Bakery, à Culver City. Vous êtes passionnés par l’underground et ne jurez que par le Do It Yourself, foncez !

Le stand de Joyces Lee.

Cet événement dédié aux sous-cultures se déroule chaque année depuis 2012, et propose à ses visiteurs d’assister à des workshops pour apprendre à réaliser ses propres fanzines et échanger des astuces autour de cet artisanat qui fait fureur chez les plus créatifs. Des structures emblématiques pour les aficionados telles que le Craft And Folk Art Museum, le Rock’N’Roll Camp For Girls ou la librairie Meldown Comics se sont mobilisés pour l’occasion et ont participé à l’organisation d’ateliers, tout en proposant des points de rencontres pour ceux qui seraient désireux de sillonner la ville. La cité des anges a toujours été un vivier pour la sphère alternative et de nombreux exposants lui feront honneur. Vous pourrez y retrouver quantités de créateurs émergents comme Joyces Lee qui conçoit des fanzines sur la fusion entre le corps et la technologie ou Ajuan Mance, une professeure et artiste qui donne une visibilité dans Nuthingood aux communautés sous-représentées dans les médias mainstream. Chaque jour, sur leur facebook, ils publient un portrait étonnant de créateurs de fanzines.

Un exemplaire du fanzine Nuthingood.

https://www.facebook.com/lazinefest/

https://lazinefest.com/

https://joyceslee.com/

https://www.instagram.com/nuthingoodat4/

Parlana part III / Interview

parlana interview

Notre chroniqueur Omar Wild termine son reportage avec une interview du créateur de Parlana :

Trois questions à Jody Vagnoni, créateur de Parlana.

Tu es Italien, comment as-tu eu l’idée de créer un événement tel que Parlana en Bolivie ?
J’ai vécu et voyagé dans plusieurs parties du monde et à chaque fois je cherchais à rencontrer les habitants du pays, car je savais que ma perception du pays, en tant qu’étranger, était limitée.
Je trouvais ce lien très fort entre un étranger et des locaux, car l’étranger peut changer son point de vue sur la culture du pays, et les locaux peuvent comprendre les questionnements de l’étranger.
J’appelle ce lien une « co-construction »… Puis j’ai atterri en Bolivie en tant que bénévole et j’ai connu beaucoup d’autres voyageurs qui cherchaient à communiquer. J’ai alors créé une réunion, comme un café linguistique en Europe, mais je voulais lui donner un nom original en Quechua, la langue locale. « Parlana » veut dire « parlons », sa sonorité est compréhensible par tout le monde. Cela a commencé tout petit mais ça a très vite grandi car je ne voulais pas limiter l’événement au simple échange linguistique; il y a beaucoup de belles choses cachées en Bolivie, je voulais que l’événement devienne une occasion de découverte de la culture… C’est devenu une grosse gestion qui jongle entre sortie culturelle et teuf! J’aime cette ambivalence entre le fait de se cultiver et se détruire. En Bolivie, aucun rendez-vous, même religieux ou autochtone, ne peut finir sans fête et sans destruction, fête et boisson.

Le tourisme de masse est très récent en Bolivie, avec des bons et des mauvais effets. Qu’en penses-tu ?
La Bolivie a un énorme avantage avec ses territoires que tout le monde connaît et ceux qui sont inconnus. Ce qui est connu, c’est une sorte de zone de confort, La Paz, Salar de Uyuni, le Lac Titicaca. Très peu de voyageurs vont dans les villages et les vallées. La plupart sont juste de passage et veulent enchaîner les pays d’Amérique Latine. Mais ce qu’on ne mentionne pas, c’est l’impact que ce pays a sur les voyageurs étrangers. La plupart viennent ici avec de petites attentes et repartent en ayant vécu une expérience bien plus riche que celle vécue dans d’autres pays. Ici on peut pratiquer un tourisme alternatif de bonne qualité car rien n’est encore systématisé et l’expérience vécue sera unique, où tout reste encore à découvrir et à explorer, par rapport aux autres pays du continent.

Quels sont les prochains projets de Parlana en Bolivie et dans le monde ?
La Bolivie est un pays énorme et il manque encore plein de services touristiques, comme les visites urbaines, la valorisation de la culture locale, le service personnalisé. Parlana est un service alternatif. Nous avons un nouveau projet qui s’appelle Parlana Experience et qui a déjà gagné deux prix comme meilleure start up en Bolivie. Il s’agit d’une plateforme où les résidents proposent de partager leur savoir-faire avec des voyageurs. Ces résidents s’appellent les « gurus ». Il y a le guru culturel, festif, sportif, explorateur, féru de gastronomie, artisan, spirituel, etc. Ces personnes ont leurs passions, leurs expériences et leur vision de la Bolivie, qu’ils veulent partager avec des voyageurs. Par exemple, je suis un « guru culturel » et je fais des retraites de cinq jours dans la vallée. Certaines agences proposent ce même type de services, mais elles n’ont pas un guru qui propose un service personnalisé, sur mesure, où il partage sa vie avec toi, et à un prix moindre, fixé par le guru… Ce n’est pas réservé qu’aux jeunes guides. Par exemple, un de nos bénévoles a fait découvrir le lieu de vie d’une femme paysanne avec qui tu vas récolter des légumes et cuisiner un plat, puis tu vas te baigner dans la rivière qui passe à côté de sa maison. Cette femme est devenue un « guru » depuis. Et ça n’existe ni dans une agence touristique, ni dans Trip Advisor, Lonely Planet, ou autre site.

Omar W.

Crédits photo: Adrian Cardozo

Parlana part II / Interview du DJ Santander

parlana bolivie

La suite des pérégrinations de notre chroniqueur Omar, en plein festival linguistique, une interview du DJ Marco Santander à la clef.

… Pendant les cris de minuit, la batucada anime les sauts du public et le Dj fait une pause. J’en profite pour monter sur la scène interviewer Marco Santander, le DJ qui a la responsabilité d’enflammer les gens avec son électro house teinté de sons tropicaux…

– Hey Marco, c’est quoi ton but comme DJ ?
– Mon but, c’est de jouer avec l’énergie du public. J’essaie d’impulser de la joie, de l’euphorie, pour que ça devienne un moment inoubliable.
– Toi qui es un jeune DJ, comment trouves-tu la scène nationale bolivienne aujourd’hui ?
– La production nationale est grandissante, surtout dans ma ville, Santa Cruz. Malheureusement on manque de soutien pour se produire. Il n’y a malheureusement que de la musique commerciale jouée dans les bars; nous les autres artistes, nous devons nous auto-produire et travailler dur pour nous faire connaître mais on y arrive.

– Pour nos amis voyageurs qui viennent ici, qu’est-ce que tu conseilles d’écouter ?
– Si vous venez en Bolivie, jetez une oreille sur la musique traditionnelle de la région amazonienne, car c’est celle dont on parle le moins. Ecoutez par exemple « el Trasnochador » une chanson folklorique de Santa Cruz avec beaucoup de sentiments et de sens ».

Je laisse Marco se remettre aux platines car la batucada vient de finir. Ici s’arrêtent mes interviews, le reste de mes enregistrements étant des cris d’excitation, je vous laisse imaginer… La Parlana aura réussi son pari, marquant une génération des 20-30 ans qui espérons, changera la manière de voyager des voyageurs d’aujourd’hui. C’est en tout cas un moyen parfait pour découvrir la culture et la musique du pays et je vous invite à assouvir vos élans de curiosité en cherchant des infos sur les groupes cités dans cet article et sur la Parlana, présente dans 4 villes en Bolivie, ainsi qu’en Argentine et Italie.

Retrouvez la suite des aventures, avec l’interview du créateur de Parlana.

Omar W.

Crédits photo: Adrian Cardozo – www.facebook.com/adriancardozofotografia

Live Report : This Is Not A Love Song! Festival, Jour 2

Cette histoire est une aventure en trois temps. Pour lire le compte rendu du premier jour, rendez vous ici

Jour 2 : Quand on se rend compte qu’on aime pas la musique

Retour sur le lieu de cette cinquième édition du This Is Not A Love Song. En prenant en compte de notre expérience de la veille, nous arrivons plus tôt afin de profiter un peu du village du festival. Bon, notre « plus tôt » s’apparente en fait à 20h15 et nous avons déjà loupé une bonne dizaine de concerts. Je reconnais The Killing Moon de Echo & The Bunnymen qui joue au loin sur la scène Flamingo. A peine arrivé et ma liste de concerts à voir est déjà diminuée. Je décide de faire sauter la fin du set des anglais (qui se limite à deux morceaux) et me dirige vers la scène Mosquito afin d’assister au concert de Requin Chagrin. Je refuse un fajita guacamole que me tend un ami et je vais me placer directement face à la scène dans l’espoir de pouvoir enfin profiter d’un concert dans de bonnes conditions.

Le groupe monte sur scène nonchalamment et se présente brièvement. Si le chant est en français, l’instrumentation est clairement référencée « groupes indies américains ». Un Real Estate à la sauce Yéyé ? Efficace et rafraîchissant, les guitares du quatuor, légèrement coldwave/post-punk sonnent très pop acidulée et sous ces 38° degrés ressentis, ce n’est pas pour me déplaire. En milieu de set, le groupe lâche deux gros requins gonflables dans le public, ce qui aura pour résultat plusieurs slams sur dos de squales assez rigolos et des moments plus gênants où la chanteuse devra gérer des attaques volantes de poisson carnassier en provenance d’un public toujours éméché de la veille. Ne pouvant pas dire si le groupe est agacé par l’attitude du public ou juste naturellement mal à l’aise sur scène, je me lasse peu à peu, surtout que, ingénierie de festival oblige, la voix est inaudible dans le mix des instruments. Le concert me laisse tout de même un bon ressenti et après un jour et demi, je me sens enfin en situation de festival. Je profite de ma bonne humeur passagère pour aller tenter le coup du côté de Jake Bugg qui débute sur la scène Flamingo. Trois minutes vingt de chant braillard sur fond de folk rock FM me mettent la tête au carré et me forcent à me diriger vers la buvette la plus proche pour une nouvelle bière. Du fond de mon verre, je subis cette pop cheesy qui représentera, après coup, le pic de mauvais goût de cette édition du festival.

Grandaddy étant absent pour cause de mortalité (on leur pardonne), je reprends une vadrouille avant d’aller me poser devant Hidden Charms sur la scène Mosquito. Une foule de curieux profite de l’annulation de la tête d’affiche américaine pour venir découvrir le garage rock 70’s des Londoniens. Si leur style n’est pas ma tasse de thé, l’association de la nuit tombée, l’attitude débonnaire mais fédératrice du groupe et l’attroupement inattendu font de ce concert une bonne surprise. Le seul hic qui m’évite de prendre mon pied sur Hidden Charms, c’est que je n’aime pas leur musique (et à ce moment du festival, je me questionne si je ne détesterais pas simplement la musique). Avec une redite sans réelle originalité et une standardisation à outrance, je peine à trouver quelque chose qui maintienne mon attention ici. A croire que le fait d’être jeune anglais un peu fringué suffise pour monter sur scène. Je deviens un peu aigri et je sors définitivement du set.

Le concert se termine tout de même avec la sensation de ne pas avoir passé un trop mauvais moment. Petite pause avant le début de Primal Scream, ce qui suggère un retour à la buvette. Une fois rééquipé, je reviens à la scène Flamingo pour découvrir les Écossais déjà en action. Étant naturellement inculte, je n’ai jamais écouté Primal Scream, mais supposant que le festival a dû débourser un petit pécule pour avoir le groupe, je lui laisse sa chance. Je m’installe dans un angle, entre un arbre et une poubelle et j’écoute. Après trois morceaux de rock 90’s, légèrement glam et légèrement indus, une évidence apparaît : et si, à défaut de ne pas aimer toute la musique du monde, je n’aimais pas juste le rock ? Fort de cette découverte – et de l’ennui que me procure le groupe – je me déplace vers l’enceinte du Paloma afin de découvrir les autres scènes. J’apprendrai plus tard que je suis parti du mauvais côté et que je loupe Show Me The Body, l’un des moments forts de ce festival, dixit mes proches.

Bror Gunnar Jansson se produit dans la Grande Salle. Avec son look de hobo, ce one-man band criard, à l’esthétique garage-blues vintage, me conforte dans ma prise de conscience. Au garage et au rock, je peux maintenant ajouter le blues à la musique que je n’aime pas. Toujours plus désabusé, à la recherche de la perle rare détachée de toute nostalgie passéiste, je continue ma course dans le Patio. Johnny Mafia commence son set et je comprends bien que ce n’est pas là que je trouverais ma came. Je m’enfuie et fini ma descente inexorable dans l’enfer de l’ennui pour atterrir dans la Love Room. L’ambiance boîte de nuit de campagne perdure (voir jour 1) mais je suis tout de même heureux d’y retrouver mes amis, plutôt éméchés, ayant aussi désertés le concert de Primal Scream. Après plusieurs dizaines de minutes passées à se dandiner sur un djset dispensable, on décide d’un commun accord de se diriger vers la scène Flamingo pour aller assister à la grande claque (salvatrice) de cette soirée.

Placé en plein centre d’un public rassemblé en une masse informe, constituée à 80 % de sueur, j’attends l’arrivée de Thee Oh Sees. Double batterie installées côte à côte, gros cab de basse d’un côté et gros cab de guitare de l’autre, définissent la scénographie sommaire du groupe qui annonce un concert efficace et direct. Et c’est le cas. N’ayant jamais eu la patience ou l’envie de m’investir dans les 18 albums du groupe ne comptez pas sur moi pour avancer une set-list approximative. Mais mes amis fins connaisseurs avaient l’air ravis. Monolithique, le son du groupe s’impose et soulève le public, parti en pogo violent. Les morceaux s’enchaînent et se ressemblent (un peu), mais la tension ne redescend pas. Le groupe dégage une maîtrise et un plaisir d’être sur scène qu’il partage avec la foule en transe. Si bien que l’on assiste au premier grand moment de catharsis généralisée de cette édition du This Is Not A Love Song. Restant une personne aigrie, je commence à m’irriter au cinquième coup de coude que je reçois dans la figure et me retire en fond de public pour voir le reste du concert dantesque dans la paix.

Ce deuxième jour de festival se termine donc dans l’allégresse après plusieurs difficultés rencontrées. Mais plus encore que la qualité des concerts ou des genres représentés, c’est la réalité de la vie en festival qui me laisse perplexe. Ayant tout de même conscience que le TINALS est un excellent festival à la programmation pertinente et exigeante, je comprends bien que le souci vient sûrement de moi et que je n’ai pas encore eu le déclic qui m’aurait permis de m’investir dans cette cinquième édition. Est-ce que le troisième jour saura m’apporter une réponse positive ?

Vu : Echo & The Bunnymen, Requin Chagrin, Hidden Charms, Thee Oh Sees

Subit :Jake Bugg, Primal Scream

Loupé : The Grys Grys, Grandaddy, Show Me The Body, et les autres.

Claque : Thee Oh Sees

Live Report : This Is Not A Love Song! Festival, Jour 1

Jour 1 : Ou comment revoir ses attentes.

Se préparer pour un festival est toujours un moment d’excitation pour les amateurs de musique. Dès l’annonce des premiers noms de la programmation, on se plaît à organiser un petit planning au coin d’une serviette en papier, on se prend à rêver des découvertes qui pourraient nous séduire, on se questionne sur quel groupe aller voir en priorité quand deux horaires se superposent… Bref, on se construit des attentes.

Il faut dire que ces (hors-)temps de relâche, qui s’apparentent pour certains d’entre nous à des petites vacances, cristallisent beaucoup d’espérances. Soixante concerts en trois jours, répartis sur cinq scènes, en périphérie de la très architecturale cité de Nîmes, font du This Is Not A Love Song ! un lieu où ces espoirs vont justement exploser, et se confronter à la dure réalité de la vie en festival. Entre attentes et réalités, comment concilier nos envies avec les impondérables frustrants qui s’imposent à nous ?

Avant même d’arriver sur le très joli spot du Tinals, accolé au Paloma (la Smac de Nîmes), j’avais dans la tête ma liste de concerts à arpenter. De la même manière que le voyageur un peu peureux se fie à son guide du routard, j’avais fait mon choix a priori sur ce que j’allais voir, en me basant sur mes connaissances (lacunaires) des groupes à l’affiche. Pour le premier soir, outre les gros noms de Flying Lotus et Moderat, mes envies s’étaient portées sur trois groupes : Goat Girl, Andy Shauf et Alex Cameron. Comment digérer ma frustration quand je me rend compte qu’arrivé à 21h suite à un départ tardif, j’ai déjà loupé trois des cinq groupes que j’avais désespérément envie de voir. Je fais donc passer à la trappe The Make-Up de dégoût et en profite pour flâner autour du festival, et surtout récupérer les ustensiles nécessaires à tout bon festivalier : le pass Cashless pour pouvoir payer les consommations et les animations sur le festival, ainsi qu’une bonne bière blonde bien fraîche.

Je navigue donc sur le site du festival. Comme les années précédentes, le lieu se divise en 2 grands espaces, un intérieur et un extérieur. Trois salles sont présentes dans l’enceinte du Paloma : la Grande Salle (qui accueille les grands noms de cette édition) le Patio (une petite cour intérieure équipée d’une scène rudimentaire) et la Love Room (une espèce de club lounge où se suivent Djsets et karaokés). Dehors, entre différents foodtrucks et stands d’animations, sont disposées trois scènes : Flamingo, Bamboo et Mosquito (par ordre de taille décroissante). L’ensemble ressemble à une jolie plage aménagée avec quelques stands sympathiques (disquaires, bouquinistes, atelier couronne de fleur, hôtel de mariage, coiffeur…) qui donnent une ambiance estivale de bord de mer aux contours du Paloma.

Après avoir zoné un bon moment, je décide de ravaler mon amertume et me dirige vers mon premier concert de la soirée. Il est déjà 22h30 et Flying Lotus commence sur la scène Flamingo. Premier contact impressionnant avec le Djset du californien. Enfermé entre deux grands rideaux sur lesquels viennent frapper des projections vidéos, Steven Ellison, seul aux platines, s’acharne à déconstruire et broyer ses morceaux devant un public qui se densifie petit à petit. Si le set débute fort, une certaine lassitude s’affirme au fil du concert. À force de noyer le poisson, et de refuser au public la teneur psychédélique de son projet pour ne converser que la partie électro-trap plus destinée aux clubs, Flying Lotus s’enferme vite dans des gimmicks agaçants et peine à convaincre ; la plupart de ses morceaux terminant sur des anti-climax frustrants. Ajoutez à ça des visuels simplistes pas toujours de très bon goût et la diffusion opportuniste d’une bande-annonce de film dont il participe à la B.O en fin de set, vous obtenez la seule grande déception de ce festival. Autant vous dire que pour un premier contact, ça ne rassure pas.

Deuxième phase de déambulation. Suite à la déception engendrée par Flying Lotus (qui était une des grosses raisons qui justifiaient mon pass trois jours), je ne suis pas d’humeur à aller découvrir Chris Cohen ou Danny Brown, malgré les nombreuses recommandations de mes amis. Je traînasse donc mollement à travers les stands, décide de passer de la bière au coca afin d’être en mesure de prendre la voiture à 2h du matin à destination du Airbnb que l’on loue en centre ville et je me dirige vers la Love Room. Lumière tamisée et ambiance feutrée transforment la salle, où j’avais pu voir Moodoid pour un concert aussi épique qu’inattendu il y a quelques années, en une sorte de boîte de nuit champêtre à l’atmosphère bon-enfant. Je participe un peu à un karaoké de Creep hurlé par l’ensemble de l’auditoire déjà bien éméché (je rappelle qu’il n’est pas encore minuit) et je m’éclipse dès que l’occasion se présente (en l’occurrence, un des festivaliers qui tente une interprétation douteuse de Let’s Dance).

Retour devant la grande scène extérieure pour attendre Moderat, trio électro allemand et fusion des groupes Modeselektor et Apparat. Bonne pioche et l’impact attendu est enfin au rendez-vous. Le groupe commence fort et fait péter dès le deuxième morceau son gros single A New Error, soit le seul titre avec lequel je suis familier (désolé Reminder et Eating Hooks, mais j’ai du mal à retenir vos mélodies). Je me laisse donc porter pendant l’heure et demi de concert maîtrisée et puissante, sublimée par des Vjings et un jeu de lumières aussi créatifs que saisissants. Les deux heures du matin arrivent finalement très vite en compagnie du trio allemand, et ma présence sur cette cinquième édition du TINALS trouve enfin sa justification. Certains de mes amis essaierons de me faire regretter le set de Spring King (programmé au même horaire), mais rien n’y fait : Moderat est vraiment la première claque sans faux-pas que j’attendais tant. Ma petite liste en coin de serviette, si triste depuis mon arrivée sur le sol nîmois, se rassure donc. Oui, au-delà de la bonne ambiance et du soleil de plomb, il y aura des bons concerts ce week-end.

Bilan du premier jour

Vus : Flying Lotus, Moderat

Loupés : Goat Girl, Andy Shauf, Alex Cameron, The Growlers, The Make-Up, Chris Cohen, Danny Brown, Spring King, et le reste.

Claque : Moderat

Rock en Seine, racheté par un homme d’affaires !

Matthieu Pigasse rachète Rock en Seine

C’est Télérama qui  révèle l’affaire le 31 Mars 2017. Rock en Seine après quelques semaines de suspense, vient d’être racheté par Matthieu Pigasse,  responsable monde des fusions-acquisitions et du conseil aux gouvernements de la banque Lazard, dont il est directeur général délégué en France ainsi que propriétaire et président des Nouvelles Editions Indépendantes (qui contrôle le magazine Les Inrockuptibles et Radio Nova), et actionnaire du Groupe Le Monde et du Huffington Post.

A lire ici : http://www.telerama.fr/sortir/matthieu-pigasse-rachete-rock-en-seine-pas-tres-rock-n-roll-tout-ca,156123.php