Rites et Sacrifices III à La Sainte Dynamo

Pour cette troisième édition, Rites et Sacrifices a invité Lisieux, La Mandorle, Machine est mon cœur et Orbel à La Sainte Dynamo lors d’un concert dédié aux croisements entre passé et présent dans les musiques sombres.

Lisieux

En réunissant des groupes éthérés inspirés par l’underground gothique des années 80, l’association toulousaine proposait de « faire le pont entre musiques anciennes et sonorités actuelles », mais la porosité entre les deux est-elle réelle ? Le samedi 1er juin, j’ai pu assister au concert à La Sainte Dynamo, afin de voir ce qu’il en était.

La Mandorle

Chaque formation se nourrit du passé et le distille par touches dans ses compositions. La chorale médiévale La Mandorle sort de l’ombre des chants ecclésiastiques tels que les kyries grégoriens en les reprenant a capella. Le trio toulousain Lisieux est lui aussi plongé dans un imaginaire liturgique au travers de paroles abordant l’oppression religieuse, le déisme. Sa néofolk aux allures de messe noire puise ses racines chez Death In June et sera signée chez le label organisant leurs concerts français : Steelwork Maschine. La dark-wave de Machine est mon cœur emprunte aux débuts de la musique électronique en réalisant des collages de bandes magnétiques, et a recours à des synthétiseurs analogiques dont la densité brumeuse confère à l’ambient. Si les influences de nos musiciens sont légion, édifient-elles pour autant une passerelle vers l’époque actuelle ?

Machine est mon cœur

Passionné de science-fiction, Machine est mon cœur dépeint dans « I Had a Dream » un monde désertique où l’homme serait débarrassé des affres de l’hyperconsommation. Le duo a conçu Dystopium – album né d’une fusion entre dystopie et opium – pour des rêveurs pressés de s’échapper de la réalité. Les voix shoegaze des chanteuses d’Orbel se fondent dans des arrangements post-rock, cinématographiques et inquiétants, répondant au nom de « doom pop ». Enfin, l’originalité de La Mandorle est d’ouvrir le monde actuel sur des musiques réduites à l’oubli, en leur redonnant vie dans un bar contrastant avec leur religiosité originelle, et entraîne le public dans une communion dépaysante.

Beyond There, premier EP d’Orbel

L’impression qui résulte de cette nuit est que la jonction des sonorités a bien fonctionné, grâce au pouvoir introspectif de cette musique mélancolique. Loin de se circonscrire dans une période datée, elle relève de l’intemporel. Est-ce la naissance d’un nouveau genre ?

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Demen révèle la beauté éthérée de Nektyr

Demen

Demen est le projet de l’artiste suédoise Irma Orm originaire de Stockholm et qui vient de sortir un album sur Kranky intitulé « Nektyr » (prononcer Nektur). Peu de choses ont filtré sur la personnalité de l’artiste, Kranky a reçu une série de titres par e-mail il y a quelques années et après avoir rédigé leur proposition, l’artiste a seulement répondu en retour un « Yes », qui quelques années plus tard s’est concrétisé par la sortie de cet album.

Nektyr est présenté comme un ersatz atmosphérique et fantomatique d’un des titres les plus éthérés des Cocteau Twins, période Treasure, bien que la musique tourne au ralenti alors que se dégage une ambiance crépusculaire qui était absente chez les Cocteaus.

L’album nous rappellera plutôt les séquelles du groupe écossais que l’on trouvait dans les années 90 sur le label gothique chic américain Projekt, comme les californiens de Love Spiral Downwards ou encore Black Tape for a Blue Girl.

On ne sait rien de plus d’Irma Orm, nom qui sonne comme une anagramme, hormis qu’elle vient de sortir un objet étrange et séduisant qui pourrait bien faire date…

C’est l’occasion de revenir sur le label Kranky, originaire de Chicago (Illinois) et actif depuis 1993, micro label à l’économie limitée, ils se font repérer en sortant le premier Ep de Labradford. Spécialisé dans les musiques lentes, éthérées et soniques, ils sortent les disques d’artistes comme Windy & Carl, Grouper, Jessica Bailiff ou encore Low. L’album de Demen correspond parfaitement à leur esthétique élaborée depuis 24 ans.

http://www.kranky.net/