Les collaborations iconiques de PJ Harvey

Égérie rock des années 90, la chanteuse et multi-instrumentiste anglaise réussit le pari de se renouveler à chaque nouvel opus. Son influence capitale sur les Musiques Actuelles se ressent dans les œuvres de nombreux musiciens contemporains. Pour explorer les mille facettes de cette artiste-caméléon, voici les moments forts de sa carrière, décryptés à travers le prisme de ses collaborations.

John Parish, le compagnon du Somerset

PJ Harvey et son musicien fétiche : John Parish

Polly Jean et John Parish ont plus d’un point commun. Ils grandissent tous deux dans la ville de Yeovil, dans le Somerset, au Sud-Ouest de l’Angleterre. Dans les années 70, Parish gagne sa vie en donnant des cours de guitare. Un beau jour, il décide de créer un atelier de musique moderne à l’école des Beaux-Arts de Yeovil, où la future chanteuse étudie la sculpture. Afin de mettre en théorie sa pratique, il fonde le groupe de rock Automatic Dlamani où, encore adolescente, PJ Harvey fait ses gammes à la guitare. Celle qui ne savait plaquer qu’une poignée d’accords avant de rencontrer Parish aguerrit sa pratique, jusqu’à dépasser son maitre lorsqu’elle s’envole de ses propres ailes pour enregistrer son premier album Dry, en 1992. Respecté pour son travail exigeant, Parish est le collaborateur idéal pour l’Anglaise, soucieuse de se renouveler à chaque nouvelle production. Il a pour habitude de réaliser ses compositions expérimentales en solitaire, dont Polly Jean s’inspire pour écrire ses paroles. Présent en tant que producteur et musicien sur la majorité de ses disques, Parish enregistre deux albums en duo avec PJ Harvey : Dance Hall at Louse Point en 1996 et A Woman a Man Walked By en 2009.

Björk, rebelle en puissance

S’il y a une autre icône qui est aussi habile et inventive que PJ Harvey, c’est bien Björk. En 1994, les deux chanteuses aux voix d’or sont invitées à la cérémonie des Brits Awards, et leur prestation ne laisse pas la salle indemne…. Elles font fureur auprès du public grâce à une reprise endiablée de « Satisfaction » des Rolling Stones. Le succès est tel qu’un enregistrement du single est prévu, mais Allen Klein, l’ancien manager des Rolling Stones, s’y oppose farouchement. C’est lors de cet événement que le grand public découvre réellement PJ Harvey.

Nick Cave, l’amant terrible

En 1996, Nick Cave and The Bad Seeds enregistrent Murder Ballade, un recueil de ballades sur le thème du meurtre. Inspirées par des chansons populaires des pays anglo-saxons, elles livrent avec force détails le récit de crimes passionnels. Le chanteur australien invite PJ Harvey en duo sur « Henry Lee », titre inspiré du chant traditionnel « Young Hunting », qui raconte l’histoire d’une femme assassinant son amant parce qu’il n’est pas amoureux d’elle. Les deux artistes vivent une idylle passionnelle lors de l’enregistrement du disque, mais elle bat rapidement de l’aile. Profondément blessé par leur séparation, Nick Cave dédie l’album The Boatman’s Call à sa relation avec la chanteuse.

Le trip lancinant de Tricky

Alors qu’il s’attèle à la composition de son album Angels With Dirty Faces, le musicien anglais contacte PJ Harvey, signée chez le label Island Records comme lui. Il lui envoie une démo de « Broken Homes », morceau sombre et planant qu’il a écrit tout spécialement pour qu’elle l’interprète. Elle retravaille sa voix afin de se fondre dans l’atmosphère désabusée du disque.

Errance citadine avec Tom Yorke

Au tournant du nouveau siècle, PJ Harvey délaisse le rock rugueux des débuts, et signe un renouveau pop qui séduit plus d’auditeurs. Sorti en 2000, Stories From The City, Stories From The Sea, est parsemé de références à la ville, entre grâce et tourments. Fan de Radiohead et de la voix de Tom Yorke, PJ Harvey l’invite à chanter en duo sur le titre envoûtant « This Mess We’re In », où la Grosse Pomme est symbole de désir et de désordre. Polly Jean frappe fort, avec des ventes estimées à un million d’exemplaires pour cet opus qui signe son plus gros succès commercial. Disque de platine avec 300 000 disques vendus au Royaume-Uni, disque d’or en France écoulé à 100 000 exemplaires… Il n’en faut pas plus à la chanteuse pour être la première femme à rafler un Mercury Prize, récompense annuelle qui consacre le meilleur album anglais de l’année.

Pascal Comelade, frenchy fan

En 2016, le chanteur et pianiste français réédite L’Argot du bruit, initialement paru en 1998. Il décide de remanier l’album en réenregistrant plusieurs de ses titres. Fan de la voix de PJ Harvey, il l’invite à chanter en duo sur le titre inédit « Featherhead ». L’Anglaise collabore également à l’écriture des titres « Love Too Soon » et « Green Eyes », sur lesquels elle pose sa voix.

Björk caméléon

Alors que la chanteuse sort ces jours-ci un clip inédit, Les Musicophages ont fait l’acquisition d’un tout nouveau fanzine sur la garbe-robe de l’islandaise.

Si vous vous attendiez à découvrir des infos croustillantes sur son actualité musicale, passez votre chemin ! Les artistes espagnols Claudio Jiménez et Alions Cuenca ont créé une collection de fanzines dédiés aux figures iconiques de la musique pop en rendant hommage à leurs costumes scéniques. Le troisième numéro de Recor(d)tables vous offre la liberté de découper et de coller sur des patrons les tenues et les perruques les plus extravagantes de Björk. Si le concept vous enchante, vous avez également la possibilité d’habiller David Bowie ou Mickaël Jackson.

http://www.recordtables.com/

Oddur est si doux

Avec Four sequencies, El Odderiño guitariste virtuose islandais offre un EP d’une douceur sans pareille.

L’Islande nous réserve encore des découvertes musicales inouïes et je vous assure d’emblée que Björk ou Sigur Ròs ne sortiront pas d’une source d’eau chaude au détour de cette brève. Loin d’être isolée ou renfermée sur elle-même, l’île de la géothermie s’ouvre au monde depuis toujours et l’effervescence de musiciens s’impose dans nos casques depuis l’avènement des sites de streaming. Mais qu’est-ce qui fait qu’il y a une si grande concentration de talents? Seraient-ce les vapeurs de quelques volcans? La proximité du cercle polaire ? Ou le fait que d’anciennes mythologies comparent leurs terres et paysages à la porte des enfers? il n’en est rien, la réponse se trouve dans leur culture et le système éducatif qui enseigne à tous la pratique d’un instrument dès le plus jeune âge. Ainsi jouer le Clavier bien tempéré de Bach équivaut, chez nous, à réciter une petite comptine.

La vidéo qui suit nous montre l’artiste dans un sauna, Oddur à cuire ? reprenant Sons de Carrilhões de João Pernambuco.

A peu de chose près, j’écrivais une brève sur Örvar Smárason (Mùm) qui s’apprête à sortir son premier album solo chez Moor Music.  Mais il a fallu que je croise le chemin de Oddur, personne passionnée/passionnante, humble et honnête. Le genre de rencontre qui permet de remettre les pendules à l’heure ou plutôt de s’en débarrasser.  Son approche contemporaine de la guitare et sa passion pour le répertoire andalou m’a réconcilié avec l’instrument. Ce qui a réorienté mes écoutes récentes vers des sonorités pures sans arrangements gonflés/gonflants.

Oddur S. Báruson aka El Odderiõ est donc un guitariste classique, né et résidant à Reykjavík. Son premier contact avec la musique a été établi au début de son adolescence, jouant de la guitare électrique avec des groupes de rock n’roll. Vers l’âge de vingt ans, il s’intéresse à la guitare classique et c’est dans cette voie qu’il poursuit ses études au Conservatoire FÍH.  Oddur a joué sur scène en tant que guitariste classique à plusieurs reprises, à la fois en groupe et en solo. Il a enregistré et publié de la musique issue du répertoire classique, des compositeurs tels que Heitor Villa-Lobos, Fernando Sor (attention, c’est addictif) et Antonio Lauro. De plus, c’est un arrangeur prolifique de la musique populaire pour guitare classique. Dernièrement, son attention s’est fixée sur ses propres compositions. En toute fin d’année dernière, il a donc publié sur son bandcamp une pièce en quatre mouvements, intitulée Four Sequences et travaille actuellement sur son prochain LP de compositions originales

Attaché à une musique dont il est parvenu à pénétrer les influences pour mieux les transcender, El Odderiño évoque tour à tour avec Four Sequencies un jour de voyage, une nocturne, la lueur du soir et la brise du matin. Oddur interprète ses compositions courtes aux lignes mélodiques amples avec grâce et sensibilité ce qui ravira au plus profond d’entre nous les âmes poétiques .

François LLORENS

Sortie du troisième album d’ARCA, hybride.

ARCA

Difficile de faire l’impasse de la musique d’ARCA (aka Alejandro Ghersi), une musique parfois aussi difficile à écouter qu’à comprendre, tellement le chaos domine ce nouvel album intitulé « Arca » et qui sonne comme un manifeste artistique.

C’est que le jeune homme né au Venezuela le 30 Avril 1990, n’est pas totalement un inconnu : tour à tour producteur pour Kanye West ou FKA Twigs, il a fait ses armes avec la grande prêtresse islandaise Björk en produisant son dernier album « Vulnicura » en 2015, ce qui l’a fait connaître à un public plus large.

Sur son troisième album après Xen et Mutant (Mute), Arca travaille une musique hybride qui mélange des bruits concrets à la manière d’un Matmos satanique à des sonorités purement électroniques, a de la street beat sale et déstructurée. Et Ghersi d’une voix mal assurée, chante les corps en transformation passant d’un registre grave à aiguë, souffle des mélodies crépusculaires, comme si il allait tomber dans l’abîme de ses propres angoisses.

Arca est un album apocalyptique, rugueux et violent, qui évolue parfois dans des systèmes aqueux dans lesquels la chair se dilue en substances de corps distordus et troubles, comme ceux qui illustrent les vidéos réalisées avec Jesse Kanda, l’artiste visuel avec lequel il travaille depuis le début de sa carrière. On pense facilement au peintre Francis Bacon et à ses corps en distorsion, cassant les codes de la représentation et refusant la figuration pour se concentrer sur l’essence de l’âme qui souffre. Y a t-il de l’espoir dans ce futur antérieur sombre et parfois hanté par la mort ?

Une hybridation musicale qui insupportera certains et en fascinera d’autres…

https://www.facebook.com/arca1000000

http://www.arca1000000.com/

 

Sufjan Stevens and co « Planetarium »

Planetarium

Annoncé pour le 9 juin 2017 par l’excellent label anglais 4AD, l’album  « Planetarium » est composé à 4 mains par Bryce Dessner, James McAlister, Nico Muhly, and Sufjan Stevens. L’infiniment grand rejoindra l’infiniment petit et l’émotion intérieur pour 75 minutes intenses et soniques chantées en partie par Sufjan Stevens au travers de pédales d’effet et de vocoders diverses pour apporter plus de mystère à un ensemble ambiant qui traversera le cosmos…
Nico Muhly a notamment travaillé comme chef d’ensemble et soliste pour Philip Glass ainsi qu’avec la chanteuse Björk sur le titre  Oceania en 2004. Bryce Dessner a été guitariste pour The National.

« Saturn », premier titre de l’album est sorti le 27 Mars dernier.

Insufflé par Nico Muhly en 2012, voici ce que ça donnait en live :

Plus d’info sur cette sortie : http://4ad.com/releases/850

 

Matmos, la machine à laver et le mariage

Matmos

Drew Daniel et Martin Schmidt du groupe américain MATMOS se sont mariés le 9 Mars dernier après 24 années de collaboration à la scène comme à la ville.

C’est peu de temps après la sortie de leur premier album « MATMOS » qu’ils atteignent la consécration en participant au titre Alarm Call de Björk (1998). Le groupe travaille ensuite massivement sur les albums Vespertine (2001) et Medúlla (2004) de l’islandaise et construisent une carrière au travers d’une dizaine d’albums classés entre musique concrète et musique électronique. Ultimate Care, album prémonitoire, est le dernier album du groupe sorti en 2016, il  est entièrement basé sur l’enregistrement des bruits d’une machine à laver, idéal donc pour laver son linge sale en famille … en attendant on souhaite tout le bonheur possible à nos jeunes mariés.

Matmos joue aux cartes avec Björk

Matmos joue avec une machine à laver