Acetone au panthéon du slowcore

Le 22 septembre dernier Light in the attic a eu l’excellente idée de sortir une compilation  de titres tirés des 4 LP sortis entre 1992 et 2001 de Acetone.

Écouter: bandcamp, Deezer.

L’occasion de découvrir ou de redécouvrir un groupe cultissime et coolissime. Ce trio de Los Angeles a tourné avec The Verve, Mazzy Star ou Spiritualized mais malheureusement leur leader Ritchie Lee a mis fin à ses jours en 2001.

Souvent comparé au Velvet Underground, Acetone mériterait aussi d’apparaitre au côté de Low, Codéïne et Red House Painters dans les topitos du genre musical Slowcore.    François LLORENS

Talk Talk parle toujours à l’âme

Mark Hollis Talk Talk

Il n’y a aucune raison de parler de Talk Talk, aucune news, aucun concert, aucun revival, même pas la moindre petite interview à se mettre sous la dent.  Etrange car au moment même où l’ex new cold wave revient en copycat sournoise chez les adolescents européens abreuvés de Stranger Things, le silence radio, qui depuis l’album solo chef d’oeuvre de son leader charismatique Mark Hollis sorti en 1998, nous pèse tellement que l’envie de déterrer telle ou telle prestation Tv du groupe est irrésistible. Voici « I believe in you » sorti en 1986 dans l’album  « The Colour of Spring », ça n’a pas pris une ride. N’écoutez qu’avec votre coeur.

REVERSO–Suite Ravel : Debut album et Storytelling Jazz en jeux de miroirs

Reverso -Suite Ravel [PhonoArt oct.2017]

Peut-on, en musique, créer à partir de rien?  S’abstraire totalement des héritages et de l’air du temps et n’écouter que ses tripes ?  A ceux qui ont digéré la frustration de cette quête impossible s’ouvre la  voie royale de l’aventure et de l’innovation, une posture d’artisan inspiré, affranchi des académismes, et qui autorise mêmes toutes les rages, toutes les audaces.

Voici celle du projet jazz REVERSO et de son premier album Suite Ravel , par lequel l’innovation est questionnée au fil d’une traversée musicale en forme de jeu de miroirs entre l’œuvre d’un musicien des années ’30 : Maurice Ravel – l’homme au célèbre Boléro mais pas que ! – et ce qu’elle inspire dans leur langue jazz du 21e siècle aux leaders du projet REVERSO : Frank Woeste, pianiste d’origine allemande vivant en France,  et Ryan Keberle, tromboniste américain.

Sur la table, il y a Le Tombeau de Couperin, une œuvre composée entre 1914 et 1917 par Ravel sur le thème de l’amitié et en hommage aux compositeurs français du XVIIIe qu’il adorait.  Posé comme ça, d’accord, ça fait un peu vieux meuble!  Tssss…  Ravel, faut savoir, est un inventeur fertile, branché sur l’innovation en permanence, tous capteurs dehors, et pas que pour le style .  Ravel, faut savoir ça, fut un des premiers musiciens « classiques » à s’inspirer des développements harmoniques et du tout-puissant potentiel d’impro du Jazz.  En tournée au USA en 1928, il a pu dire :

Vous, les Américains, prenez le jazz trop à la légère. Vous semblez y voir une musique de peu de valeur, vulgaire, éphémère. Alors qu’à mes yeux, c’est lui qui donnera naissance à la musique nationale des États-Unis.

Juste retour des choses, c’est par la suite l’impressionnisme de Ravel qui influencera des pointures comme Miles Davis, Herbie Hancock, et bien d’autres.

Maurice RAVEL (1875 – 1937) [photo Boris Lipnitzki]
Faire du neuf avec du vieux, c’était le challenge de Ravel et ce sera celui du projet REVERSO.  Mais façon Haute-Couture, rénovation d’architecte, création de chef étoilé. Comme Ravel, Woeste et Keberle partent d’une forme ancienne : la suite baroque française, composée de six mouvements, pour la développer, la décliner, la conjuguer,  sublimer sa grammaire dans un storytelling labyrinthique et envoûtant.  C’est soyeux puis ça gronde.  On passe des volutes au beat entêtant.  Des fois on est perdus, tous sens brouillés comme au palais des glaces, puis le thème nous rattrape, à la sortie des rapides.  Ce truc est vivant !

Nous pensions qu’il était intéressant de voir comment Maurice Ravel parvenait à prendre quelque chose d’ancien et ensuite à créer, donnant cette musique incroyablement innovante et moderne, basée sur cette forme ancienne.  Voilà ! Nous avons essayé de faire la même chose.   (Ryan Keberle)

Pour restituer toutes les nuances de ces registres harmoniques dans un esprit de quatuor à cordes, Frank Woeste a voulu rapprocher les textures du trombone de Ryan avec celles du violoncelle de Vincent Courtois, misant sur l’amplitude chromatique de cet instrument chaleureux qui évoque tant la voix humaine.  Avec le batteur et percussionniste Jeff Ballard, Frank a trouvé un musicien ouvert aux explorations et garant d’une base rythmique qui est  l’interface essentielle pour un dialogue avec les compositions de Ravel.

Faire du neuf avec du vieux, c’est pas qu’une formule.  Les rappeurs les plus intègres reconnaissent avec émotion que leurs racines plongent dans le blues le plus pauvre, celui du Delta du Mississippi des années ’30, qui remontera ensuite vers Chicago en s’électrifiant.  Même pulsion, même urgence.

La Suite RaveI du projet REVERSO ne raconte pas autre chose : un voyage chaque fois réinventé.  Simplement ici, la suite Jazz est plus complexe qu’un blues ou qu’un son rap, plus sinueuse, mais pas grave : c’est le flux qui compte non ? Le trajet de la rivière en entier, ce qu’on traverse au pays des émotions, où elles nous mènent.

Une suite en musique, c’est peut-être la forme la plus adaptée pour accueillir une histoire.  Une belle histoire, bien fichue, en littérature, au cinéma, en peinture, c’est tout ce qu’on demande non ?  De Ravel à Reverso, toutes frontières abattues, c’est la grâce de l’invention qui emporte.  Et qui inspire, aujourd’hui comme hier.

line-up (sur la photo de g à d: Ryan KEBERLE, Vincent COURTOIS, Jeff BALLARD, Frank WOESTE

L’album est paru en octobre 2017.  Dispo aux formats cd et digital dans les circuits habituels.

frankwoeste.com

Spirit Fest par Spirit Fest

Spirit Fest by Spirit Fest

Esprit es-tu là ? Les premiers singles de Spirit fest accompagnent à merveille cet été indien. Un album nippon ni mauvais à la timidité étincelante et d’une naïveté étudiée.

Spirit Fest est né de la collaboration autour du couple japonais Tenniscoats. Ce sont joint à eux les allemands The Notwist, Jam Money et Joasihno. Tenniscoasts invitent depuis toujours d’autres musiciens à enfiler des splits comme pour le mémorable Two sunset 2009 avec les cultissimes The Pastels ou très récemment Raindrops avec Jad Fair et Norman Blake de Teenage Fanclub.

En attendant La sortie du LP pour le 10 novembre, le premier single Hitori Matsuri  sorti en août nous avait laissé présager avec ses arpèges doux de guitare et de piano épurés un disque propice à l’introspection. Le chant en japonais et la voix (trop ?) lascive et tout en retenue de la chanteuse provoque une atmosphère apaisante voire caressante. Un deuxième extrait en septembre Rain Rain puis un troisième single sorti début octobre River River qui débute cette fois par le chant de Markus. Ça coule et c’est cool, légèreté et camaraderie dominent ce disque ce qui donne un ensemble jamais ennuyant.

 

Morr and morr…

Spirit Fest sortira chez Morr Music le très bon label berlinois de musiques indé-electronica–dreampop-idm. C’est une rentrée bien vivante pour Morr qui a sorti en cette fin d’été l’excellent Dieter von Deurne and The Politics et leur très rock 90’ Nuclear Love. Morr music sort aussi Two Windows de Lali Puna adoubé fut un temps par Radiohead et donc cette fois sans Markus Acher mentor de The Notwist et ses infidélités musicales. François LLORENS

www.morrmusic.com

 

Susanne Sundfør panse nos plaies

Susanne Sundfor

On avait aimé les précédents albums de la norvégienne Susanne Sundfør et surtout « The Silicone Veil » sorti en 2012, qui avait fait connaître l’artiste au monde entier avec des titres et des vidéos troublantes et étranges telles que « White Fox » damant le pion à l’anglaise Bat For Lashes. Quelques collaborations plus tard dont le titre réalisé avec M83 pour la BO de Oblivion en 2013 ou encore le « never Ever » sorti l’année dernière avec Röyksopp avec qui elle avait déjà collaboré pour le tubesque « Running to the sea » ; la revoici dans le plus simple appareil et débarrassé des arrangements électroniques, dans un dépouillement folk qui met en valeur sa voix  magnifique, douce et parfois sombre. Le 29 septembre dernier, elle sortait son cinquième album « Music For People In Trouble » (PIAS) un album plutôt acoustique où la blonde nous offrait quelques unes de ces plus belles chansons au piano ou à la guitare dont le splendide « The Sound of War » qui tirera les larmes aux plus insensibles d’entre-nous. En novembre, elle tournera aux Etats-Unis et passera par la salle mythique anglaise le Shepherd’s Bush Empire, le 02 Mars.

Espérons quelques dates en France, mais c’est pas gagné…

L’album « Music for people in trouble » sur Deezer : http://www.deezer.com/fr/album/47498762

https://www.facebook.com/susannesundfor

WALTER SEXTANT, la part qui échappe…

WALTER SEXTANT photo par William Laudinat

Album SARAJEVO (2017)

Et si on virait de la table les vieux clichés qui traînent, genre jazz-pour-intellos, rock-progressif-qui-se-la-pète et pourquoi pas musiques actuelles, ce grand fourre-tout ?!
Posez-y donc cette galette, SARAJEVO, 2ème album du jeune groupe Toulousain emmené par Rémi Savignat, qui signe également les compositions.
Avis aux colleurs d’étiquettes : laissez tomber… Flairez plutôt. Lentement. Prenez ça pour l’exploration sensorielle qui définira le mieux l’idée de liberté que vous associez à la musique. Si on arrive là, le plus dur est fait, car pour la suite, avec l’alchimiste Walter Sextant aux manettes, il suffit de se laisser prendre l’imaginaire par les oreilles, et de glisser tout shuss dans l’univers puissamment narratif développé dans chaque titre et tout au long de l’album.
Sur la trame d’un power trio guitare-basse-batterie qui signe un héritage rock ’70 sublimé par sa fidèle Stratocaster, Rémi Savignat est allé métisser les couleurs et les textures d’une section cuivre à haut potentiel d’animation, aussi inventive qu’un feu follet pour tantôt fasciner, tantôt mettre le bazar, et bien sûr signer les évocations cinématographiques irrésistibles déroulées par exemple dans le morceau-titre Sarajevo. S’y ajoutent quelques nappes et effets-machines infusés du hip-hop parce que – bon sang – ces petits gars sont de leur époque !
Sur les propositions de Rémi, les musiciens ont harmonisé une créativité toute personnelle, fusionnée dans un bel esprit de band. C’est le même plaisir, exploratoire et décomplexé, qui ravit à l’écoute. C’est la part qui échappe au compositeur, qui échappe à l’auditeur écoutant, et – comme d’un rêve – dont on a tellement à apprendre.

On peut se faire une idée avec ce titre raconteur SARAJEVO, qui enchaîne puissances atmosphériques, fracas, et montées aux cieux ! Amen

Sur le site, plein de choses à lire, à écouter, ainsi que l’agenda des concerts. http://waltersextant.com/

Prochaines dates pour WALTER SEXTANT à Toulouse : ce vendredi 20 octobre à La Candela (St Cyprien) et le 25 novembre au Taquin (Les Amidonniers).

L’interview parcours d’Agathe Da Rama

interview groupe agathe da rama

« La musique c’est du bruit qui pense… », avec cette citation, Victor Hugo évoque la construction de quelque chose qui nous paraît parfois purement émotionnel, instinctif. Le parcours des artistes qui consacrent leurs vies à la musique est pourtant un jeu d’équilibriste entre la création et la gestion d’une carrière, d’un groupe, de contingences administratives ou économiques. Un équilibre fragile, que notre équipe aux Musicophages avons le privilège d’accompagner et,  j’espère,  de guider.

Pour cette première interview, je suis heureuse de vous faire faire la connaissance d’Agathe, la leadeuse charismatique d’Agathe Da Rama. Son timbre de voix blues et envoûtant, son énergie, dessinent le portrait d’une artiste sensible et investie. Rencontre.

Comment décririez-vous la patte Agathe Da Rama ?
La patte Agathe Da Rama est velue, rugueuse et douce à la fois.

Racontez-nous une étape marquante de votre parcours ?
La principale étape marquante, celle sans laquelle le projet n’aurait pas vu le jour, c’est la rencontre avec Joris Ragel (Guitariste) au jardin de l’observatoire en 2015. Je lui ai chanté la sérénade et il m’a envoyé bouler.

Agathe, être leadeuse d’un groupe, c’est être couteau-suisse. Comment concilies-tu la création musicale, la communication, le booking, le management, ect ?
Hé bien ça dépend, parfois je me mets en PLS, parfois je mets la tête dans le sable ! C’est surtout une question d’organisation, d’équilibre. Le risque dans le fait d’être autonome et indépendant, c’est le burn-out. Amis musiciens, prenez soin de vous et ne laissez pas tout ça vous détourner de votre 1er amour : la música !

L’industrie musicale est en pleine r-évolution avec le passage du support physique au support numérique. Comment intégrez-vous cette contrainte dans votre projet musical ?
Nous avons pris le parti de commencer l’aventure en enregistrant un 1er EP, 7 TIMES, non pas pour des raisons commerciales mais parce que ça nous tenait à coeur de condenser une partie de notre univers en un si petit objet, auquel de grandes personnes ont participé. A l’heure actuelle, c’est en live que nous développons notre projet, les CD intéressent surtout les personnes qui voudraient ramener un bout de notre univers chez elles !

Quel sont d’après vous les qualités pour faire de sa passion, un métier ?
Du courage et de la ténacité, y croire coûte que coûte ! Comme tout entrepreneur qui se respecte, il vaut mieux avoir plusieurs cordes à sont arc, que nos passions puissent devenir lucratives, arrêter de manger des pâtes quoi ! Et, parce que toutes les bonnes choses ont une fin, ça permet d’assurer ses arrières 😉

Avec qui rêveriez-vous d’enregistrer un duo ( vivant ou mort ) ?
Les premiers qui me viennent : avec Ben Harper ou EL-P (Run The Jewels) ça pourrait être sympa, à l’occas’ !

La salle de concert de vos rêves ?
Tant qu’il y a des paillettes…

Que peux-ton vous souhaitez pour 2018 ?
De pousser le plus loin possible notre PROJEEEEEEEEET

Ne manquez pas Agathe Da Rama le 13 Octobre au festival Sourire d’été Indien et le 20 Octobre au Bikini en 1ère partie de Scarecrow

Et pour vos oreilles, leur dernier EP.

EP agathe da rama
Graphisme / Jérôme Sallerin

 

Enregistrer

Enregistrer

Midget ! « Premier Soleil »

Midget!

Telle une pâle vestale au bec aigu, Claire Vailler déclame une poésie romantique en Français sur fond de musique King Crimsonienne. « Ferme tes jolis cieux » est le premier titre extrait d’un album à paraître chez Objet Disque (WWW.OBJETDISQUE.ORG). Deux albums ont suffi pour construire la légende arthurienne du duo qu’elle forme avec Mocke. En 2012, la presse française s’était fendue d’articles dithyrambiques lors de la sortie de leur premier opus « Lumière d’en bas » (We are unique records) . Après un album un poil plus classique et âpre « Bois et Charbon » paru en 2014, voici poindre le troisième album attendu le 3 novembre, avec impatience et recueillement, les nôtres en tout cas.

Les deux albums précédents sont en écoute ici : https://midget.bandcamp.com/

https://www.facebook.com/Midget-101788063879016/

 

Julien Baker, en RDV…

Julien Baker Under the radar

Nouveau titre de Julien Baker. La jeune fille a la voix si tendre et émotionnelle, née à Memphis en 1995 continue sa progression vers un public de plus en plus large avec un nouveau titre sorti chez Matador il y a quelques jours « Appointments ». Son premier album, Sprained Ankle sorti en 2015 avait recueilli tous les suffrages et le coeur des indie music lovers.

 

Sharon Van Etten et Michael Cera, Do It Yourself…

Sharon Van Etten

Sharon Van Etten et Michael Cera se sont rencontrés dans un bar de nuit,  elle lui a proposé  de partager son studio de répétition et la collaboration est née naturellement. Si Sharon Van Etten est plus connue des français pour avoir sorti 4 albums dont le célèbre « Tramp » en 2012 et aussi avoir tourné dans la série Netflix « The OA », le canadien Michael Cera ne dira pas tout de suite quelque chose aux personnes qui écoutent de la musique puisqu’il a surtout été remarqué comme acteur dans des séries comme Juno ou Arrested Development.

C’est pour le documentaire Dina à sortir le 6 Octobre prochain (http://dina.film/) qui raconte l’histoire d’amour de Dina Buro, et de son fiancé Scott Lévin que les deux ont travaillé ensemble pour livrer un titre enregistré dans le studio de répétition avec un synthé Roland Jupiter 4 et une boite à rythme. Le résultat ravira les afficionados de la musique faite à la maison et les fans de Sharon Van Etten.