This Mortal Coil, le supergroupe de 4AD

This Mortal Coil est un projet regroupant les artistes les plus talentueux de chez 4AD. En 1984, leur album It’ll End In Tears contribue à l’émergence d’un nouveau genre : la dream pop.

Ivo Watts Russel nourrissait le désir de réaliser un medley de deux chansons de Modern English, « Sixteen Days » et « Gathering Dust », mais après avoir soumis l’idée au groupe, le chanteur Robbie Grey refuse. Ivo suggère alors aux musiciens de 4AD d’enregistrer les deux titres, désireux de produire un album avec des reprises de chansons des années 60 et 70 l’ayant influencé. Parmi elles, figure le chanteur Tim Buckley dont Elizabeth Fraser reprend « Song To The Siren » sur le 45 tours du même nom en 1983, qui reste en tête des charts britanniques pendant 101 semaines. Le succès est tel qu’Ivo décide de prolonger l’expérience sur un long format.

Vinyle de « It’ll End In Tears »

C’est ainsi que naît le supergroupe This Mortal Coil, invitant un florilège d’artistes de renom issus de 4AD tels que les Cocteau Twins, Dead Can Dance, Modern English, Xmal Deutschland, Wolfgang Press ou encore Colourbox à créer une musique contemplative au possible, qui emprunterait à la puissance du rock mais en lui donnant une autre teinte, beaucoup plus brumeuse. Sous la houlette du producteur John Fryer, tout ce beau monde enregistre It’ll End In Tears en 1984.

Au catalogue, deux titres de Big Star, sont réinterprétés par de prestigieux chanteurs qui ne font pas partie de l’écurie : il s’agit de Gordon Sharp (Cindytalk) sur « Kangaroo » et Howard Devoto (Buzzcocks, Magazine) sur « Holocaust ». Leurs voix graves, soutenues par le violoncelle et le piano métamorphosent les morceaux folk en plaintes lancinantes qui rendent justice à la mélancolie s’échappant des paroles. Pour parvenir à ce résultat lors des enregistrements, Ivo emporte avec lui une cassette des titres originaux afin de capter ce qui le séduit tant dans ces chansons, pour ensuite le transmettre à ses artistes qui les dynamitent dans une atmosphère contemplative. Malgré une majorité de reprises, It’ll End In Tears révèle deux inédits de Dead Can Dance, « Waves Become Wings » et « Dreams Made Flesh » ainsi qu’un titre instrumental, « Fyt », où The Wolfgang Press et Colourbox créent une mélodie qui confère à l’ambient avec les synthétiseurs.

This Mortal Coil est sans conteste le projet le plus audacieux d’Ivo car It’ll End In Tears défriche des sonorités n’ayant pas encore été exploitées en 1984, et qui vont contribuer à l’émergence de la « dream pop », genre immergeant l’auditeur dans des nappes d’instruments éthérés superposées à des voix oniriques. Sublime, le résultat emporte l’auditeur vers le paroxysme qui lui est promis à l’écoute du disque. À la fin, nous pleurons de cette beauté si incandescente, si sombre, dans laquelle nous précipite This Mortal Coil.

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